A
quoi bon soulever des montagnes quand il est si simple de passer par dessus
?
Ah ! que de
volumes n'écrirait-on point si l'on voulait dénoncer les ravages causés par la
connerie absolue.
Aussi longtemps
qu'il existe un endroit où il y a de l'air, du soleil et de l'herbe, on doit
avoir regret de ne point y être. Surtout quand on est jeune.
Avec des si, on scierait.
Ça m'est égal
d'être laide ou belle. Il faut seulement que je plaise aux gens qui
m'intéressent.
C'est
drôle comme les gens qui se croient instruits éprouvent le besoin de faire
chier le monde.
Ce qui m'intéresse, ce n'est
pas le bonheur de tous les hommes, c'est celui de chacun.
Chez une
femme, la beauté est signe de modestie.
Dire
des idioties, de nos jours où tout le monde réfléchit profondément, c'est le
seul moyen de prouver qu'on a une pensée libre et indépendante.
Elle
sentait distinctement et décidément le savon. Au diable. Autant coucher avec
une machine à laver.
Évolution
inéluctable qui, parallèlement à ce grand courant partant du singe pour aboutir
à l'homme, part de l'homme pour aboutir à l'imbécile.
Il
n'est pire sourd que ventre affamé.
Il
n’y a pas d’autre forme de mort que l’absence d’amour.
Il
vaut mieux être déçu que d'espérer dans le vague.
Il y a deux
façons d'enculer les mouches : avec ou sans leur consentement.
Il y a deux
façons de ne plus avoir envie de rien : avoir ce qu'on voulait ou être découragé
parce qu'on ne l'a pas.
Je déteste
les femmes qui croient pouvoir se permettre d'être laides parce qu'elles sont
intelligentes.
Je me
demande si je ne suis pas en train de jouer avec les mots. Et si les mots
étaient faits pour ça ?
Je
ne sais pas ce qui est beau, mais je sais ce que j'aime et je trouve ça
amplement suffisant.
Je
ne veux pas gagner ma vie, je l'ai.
Je voudrais pas crever Avant d'avoir usé Sa bouche avec ma bouche Son corps avec mes mains Le reste avec mes yeux.
L’absurdité
des batailles qui sont des batailles de mots mais qui tuent des hommes de
chair.
L'argent
ne fait pas le bonheur de ceux qui n'en ont pas.
La
critique, art aisé, se doit d'être constructive.
La critique n'a aucun intérêt. Une bonne critique fait du bien,
mais une mauvaise ne fait pas de mal (En avant la zizique, 1997).
La
douleur est une chose que l'on n'a le droit d'infliger qu'à soi-même.
La
femme est ce que l'on a trouvé de mieux pour remplacer l'homme quand on a la
déveine de ne pas être pédéraste.
La foi
soulève des montagnes mais les laisse joyeusement retomber sur la tête de ceux
qui ne l'ont pas.
La guitare, c'est un instrument qui vous rend paresseux. On la prend, on joue un air, et puis on la laisse, on flemmarde, on la reprend pour plaquer un ou deux accords ou s'accompagner pendant qu'on siffle. - J’irai cracher sur vos tombes, 1946.
La langue
est un organe sexuel dont on se sert occasionnellement pour parler.
La Légion
d'honneur de Lyon ? La rosette !
La mort n'a
rien de tragique. Dans cent ans, chacun de nous n'y pensera plus.
La mort
n'est pas drôle parce qu'elle ne supporte pas la répétition.
La musique est un moyen de rendre le langage plus frappant.
La police
est sur les dents, celles des autres, évidemment.
La presse
française fait preuve d'une partialité révoltante et ne traite jamais que les
mêmes sujets : les hommes politiques et les autres criminels.
La
sacristie... c'est comme qui dirait les cabinets de la maison du Seigneur. On
s'y relâche un peu.
La vie, c'est comme une dent D'abord on y a pas pensé On s'est contenté de mâcher Et puis ça se gâte soudain Ça vous fait mal, et on y tient Et on la soigne et les soucis Et pour qu'on soit vraiment guéri Il faut vous l'arracher, la vie.
Le jour
où personne ne reviendra d'une guerre, c'est qu'elle aura enfin été bien faite.
Le
malheur avec un type intelligent, c'est qu'il n'est jamais assez intelligent
pour ne pas se dire qu'il est le plus intelligent.
Le
pluriel d'un maréchal, c'est des maraîchers. Le pluriel d'un général, c'est des
générés.
Le plus
clair de mon temps, je le passe à l'obscurcir, parce que la lumière me gêne.
Le propre du militaire est
le sale du civil.
Le
ridicule ne tue nulle part mais aux U.S.A., il enrichit drôlement.
Le temps
perdu c'est le temps pendant lequel on est à la merci des autres.
Le travail,
c'est la liberté. La liberté, c'est celle des autres. Le travail, c'est celui
des autres.
Le
travail est l'opium du peuple... Je ne veux pas mourir drogué !
Les
femmes aiment peut-être les impuissants. Un homme, un vrai, ça leur fait
toujours un peu peur. Elles craignent d'être blessées. Un impuissant, c'est
comme une bonne copine.
Les gens
sans imagination ont besoin que les autres mènent une vie régulière.
Les hommes politiques sont des cons qui avec talent réussissent
à faire passer un message merdeux.
Les
oiseaux sont responsables de trois au moins des grandes malédictions qui pèsent
sur l’homme. Ils lui ont donné le désir de grimper aux arbres, celui de voler,
celui de chanter…
Les prophètes ont toujours
tort d'avoir raison. (L'Herbe rouge,1950)
L'homme
est le seul animal qui accepte de mourir pourvu qu'il en tire un plaisir.
Mieux
vaudrait apprendre à faire l'amour correctement que de s'abrutir sur un livre
d'histoire.
Ne sachant à quel sein me vouer, j’ai choisi le plus
confortable, le gauche de Marilyn Monroe (Jazz Hot).
N'importe
quel objet peut être un objet d'art pour peu qu'on l'entoure d'un cadre.
On commence
à avoir des malheurs quand on a cessé de ne penser qu'à soi.
On
n’est pas là pour se faire engueuler. (1954)
On ne
devrait tromper sa femme que quand elle est jolie. Sans ça on doit avoir
l'impression que les filles vous accordent ça pour vous consoler.
On ne reste
pas parce qu'on aime certaines personnes ; on s'en va parce qu'on en déteste
d'autres. Il n'y a que le moche qui vous fasse agir.
Pour
faire du commerce, il faut, de nos jours, être américain; mais si on se
contente d'être intelligent, on peut aussi bien être français.
Pour faire
un soldat, il faut défaire un civil.
Pour qu'il
y ait passion, il faut que l'union soit brutale, que l'un des corps soit très
avide de ce dont il est privé et que l'autre possède en très grande quantité.
Prenez un garçon de trente ans, doué pour la peinture, la
musique, la chanson, enfin doué pour la vie, quoi ; mettez-le dans une pièce,
avec un piano et un stylo, laissez-le tourner,
chercher, laissez-le brûler, laissez-le faire, faire son trou, son p'tit
trou qui deviendra grand dans le monde de la chanson. Et puis, quand vous
l'aurez laissé chanter, laissé frémir,
laissé brûler devant vous ...
Vous le ferez revenir ! (à propos de Serge Gainsbourg aux 3
Baudets en 1958).
Quand
on ne sait rien, on peut tout de même trouver des choses, avec de
l'imagination.
Qu'on
en dise du bien ou du mal, quand tout le monde en parle, c'est un succès.
Retirez
le Q de la coquille : vous avez la couille, et ceci constitue précisément une
coquille.
Si
Dieu s'est fait homme pour avoir de l'autorité sur terre, c'est évidemment
qu'il se rendait compte qu'un homme, ça fait tout de même plus sérieux.
Si l'influence exercée par le jazz sur la chanson s'est traduite
d'un côté par l'éclosion de talents originaux comme celui de Trenet, elle s'est
exercée de façon beaucoup moins flagrante et plus subtile, en profondeur, sur
des gens comme Georges Brassens. Et ceci se manifeste dans son interprétation :
la manière de chanter de Brassens est souvent comparable à celle des chanteurs
de blues, notamment par sa mise en place et sa façon d'attaquer un peu en
retard sur l'accompagnement, si caractéristique dans « La chasse aux
papillons ». La netteté du style de Brassens et la fraîcheur de son
expression l'apparentent d'ailleurs aux chanteurs folkloriques noirs en ce qui
concerne la teneur même de ses chansons (En avant la zizique, 1997).
Si votre éducation musicale a été
négligée, nul besoin de choisir une voie aride pour la refaire : l'évolution
rapide du jazz vous mènera insensiblement de la musique la plus fraîche et la
plus naturelle des parades et des orchestres de marches aux recherches les plus
raffinées des arrangeurs actuels ; et le monde de la mélodie, de l'harmonie et
du rythme vous sera définitivement ouvert (Écrits sur le Jazz, 1946 à 1959).
Supprimez
le conditionnel et vous aurez détruit Dieu.
Un des services les plus éminents
que Goodman ait rendus à la cause du jazz, c'est l'introduction de musiciens de
couleur dans sa formation (Boris Vian dans les notes de pochette du LP Benny
Goodman : The Famous 1938 Carnegie Hall Jazz Concert, Philips n°7000, juin
1954).
Un jour il y aura autre chose que le jour.
Un homme
digne de ce nom ne fuit jamais. Fuir, c'est bon pour les robinets.
Un
uniforme ? C'est un avant-projet de cercueil.
Une
solution qui vous démolit vaut mieux que n'importe quelle incertitude.
Si les chansons de Boris Vian n'existaient pas, il nous manquerait quelque chose. Elles contiennent ce je-ne-sais-quoi d'irremplaçable qui fait l'intérêt et l'opportunité d'une œuvre artistique. Un temps viendra, comme dit l'autre, où les chiens auront besoin de leur queue et tous les publics des chansons de Boris Vian (Georges Brassens, 1955).
Un
soir, au Milord, je vois Boris Vian. J'encaisse ce mec,
blême sous les projos, balançant des textes
ultra-agressifs devant un public sidéré.
Ce soir-là, j'en ai pris plein la gueule. Il
avait sur scène une présence hallucinante,
mais une présence maladive; il était stressé,
pernicieux, caustique. C'est en l'entendant que je me
suis dit "Je peux faire quelque chose dans cet
art mineur... (Serge Gainsbourg)
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