A
mon réveil on m’a dit que Sid Vicious était mort. Je n’ai pas pu manger mon
petit déjeuner.
—
C'est quoi, une attitude punk ? —
Le punk n’a rien à voir avec tes pompes ou la teinture de tes cheveux. On m'a
si souvent demandé de le définir que j'y ai effectivement réfléchi pendant au
moins deux secondes. (...) En fait, le punk rock c'est TRAITER TOUS LES ETRES
HUMAINS DE FACON EXEMPLAIRE. C'est pas d'être un fouteur de merde, comme plein
de crétins s'imaginent que c'était le cas il y a vingt ans.
C’est
une chose de dire, « Brûlez les voitures, brûlez les ghettos. » Mais
essaie, toi, de foutre le feu à ma bagnole. (1976)
C’était
chiant. Énervant ! Passer la nuit en prison ! (1977)
Certains
groupes disent qu’ils font ça pour le fun, yeah, boum-boum, 5 et 6 et un
hamburger ! On est un peu plus sérieux que ça.
Chacun doit réaliser qu’il ne doit pas s’accrocher au passé s’il veut avoir un quelconque futur. Chaque seconde devrait conduire à la suivante.
Chaque
fois que j’écris quelque chose, j’ai l’impression d’être fini. Je crois que
tous les gens qui écrivent doivent ressentir le même sentiment. Quelle que le
soit la forme employée. Tu fais un bon truc, tu te sens soulagé. Et aussitôt tu
te demandes ce que tu vas pouvoir faire la prochaine fois. Je pensais que
c’était le genre de sensation qui s’estompait avec le temps, qu’on finissait
par reposer sur une certaine habitude ou une certaine technique, mais ce n’est
pas le cas. En fait, ça ne fait qu’empirer. (1982)
D’abord
et avant tout, ça a toujours été un groupe. L’idée de base, c’est que tout le
monde devait être impliqué. De l’action, pas question de glander. Personne ne
devait vivre sur le dos de la bête. Tout le monde devait être à fond. C’est beaucoup mieux, dans un groupe,
quand tout le monde est à fond. C’est un vrai groupe. (1978)
Il
est certain que nous avons entre nous un sens de l’humour assez poussé. Les
gens prenaient très au sérieux tout un tas de trucs qui nous faisaient marrer.
Certains des textes sur ce premier album, Mick et moi en avons ri jusqu’aux
larmes. (1978)
Il
fallait qu’on mette au chômage tous les Emerson Lake & Palmer du monde,
aussi ennuyeux et ridicules les uns que les autres. Certains vieux tocards,
comme les Rolling Stones, ont dû changer de son. On leur a mis le feu au cul,
je peux le dire. (1984)
Ils
nous considéraient probablement comme une déduction d’impôts potentielle, ils
pouvaient toujours mettre quelques milliers de livres sur ce groupe, et qui
sait ce qui pouvait arriver, autant en signer un avant qu’ils ne disparaissent
tous- c’était l’état d’esprit. Ils nous ont payé le studio le moins cher. J’ai
eu le sentiment qu’on leur coûtait le prix du sandwich. (2002)
J’ai
perdu confiance. J’étais cramé, après toute l’excitation du punk rock. Et puis,
je suis un gros fainéant. (2001)
J’ai
pris le nom de Joe Strummer parce que je ne peux jouer que les six cordes à la
fois, ou aucune.
J'ai toujours trouvé risqué
de me conformer à quelque doctrine que ce soit, parce que je n'adhère pas
vraiment à leur plan d'action. (1981)
J’ai
trouvé ça dur de ne plus être à la mode,
mais il faut bien se rendre compte que tu ne peux strictement rien y faire.
J’aurais dû partir vivre en France ou en Espagne et rassembler mes esprits.
Lorsque tu descends de cette énorme montagne russe qu’étaient les Clash, il
faut du temps pour t’en remettre. (2000)
Je
crois qu'on va devoir oublier la radio et se contenter du bouche-à-oreille. (avant la sortie du premier
album)
Je
ne nous situerais pas dans le top 10 des groupes punk en fait, parce qu’on
était plus larges que ça. On a fini par jouer Rock The Casbah, qui est presque
du funk. Si on était un vaisseau spatial, on aurait traversé la galaxie en
ligne droite. On ne pourrait pas aller de Janie Jones à Sandinista plus rapidement que ça, même en
essayant de toutes nos forces. (1999)
Je
ne suis pas célèbre, je suis une légende. Célèbre, c'est lorsque tout le monde
connaît ce que tu fais et tu es riche. Légende, c'est quand tout le monde
connaît ce que tu as fait mais que tu es fini. (Télérama - 3 Janvier 2003)
Je
sais que c’est un cliché, mais le succès rend
les gens vraiment bizarres. Trop de monde qui vient te dire tout le
temps à quel point tu peux être génial.
Quand tu commences à penser que tu es un
artiste, c’est le début de la fin. (1984)
Je
suis un punk chanceux.
La
prochaine seconde n'a jamais été vécue par personne.
Le
jour où j’ai rejoint The Clash, je suis revenu à la case départ, l’année zéro.
Le punk t’obligeait à oublier une bonne partie de tes acquis. (1976)
Les
Clash, ça venait toujours du cœur. Peu importait qu’on soit en pleine ascension
ou en train de se casser la gueule, ça venait toujours du cœur. (1988)
Les
royalties des Clash sont suffisantes pour en vivre, mais il y a de bonnes et de
mauvaises années. En général, les gens calculent leurs dépensent en fonction de
leurs rentrées d’argent. Malheureusement d’une année sur l’autre, on ne sait
jamais combien d’argent on va gagner. C’est un étrange mode de vie. (2002)
Marx était un vieux con.
(1981)
Nous
avons entamé une bataille pour prouver que le rock rebelle peut être énorme
sans se renier, sans faire de compromis. Ça, c’est un combat qui vaut la peine
! […] Clash doit être une formation de combat, un commando…
Nous
sommes anti-fascistes, nous sommes anti-violence, nous sommes anti-racistes et
nous sommes pro-créatifs. Nous sommes contre l'ignorance.
On
avait le sentiment qu’un jour, quelqu’un nous demanderait des comptes pour
chaque seconde qu’on passait en studio. (2002)
On
est venus, on a dit ce qu’on avait à dire, on s’est cassés, moi, ça me plaît
bien. (1983)
On
était révolutionnaires au nom du punk. La situation n’était pas terrible en
74-75. Tout semble gris dans les souvenirs : je revois cette époque en
noir et blanc. Il n’y avait pas MTV, pas de radio. C’était difficile de percer
en Amérique et on y est parvenu en jouant dans les pires bleds entre Kitchener,
Ontario et les Everglades. Maintenant, tout ça n’est qu’un business pourri. On
pourrait tout aussi bien fabriquer des anneaux de rideaux en plastique. C’est
ce qu’est devenu le rock’n’roll.
On
joue du rock’n’roll en territoire ennemi. (1979)
On
ne se trimballe plus avec les cheveux verts et les pantalons bardés de
fermetures éclair. Maintenant, on veut juste avoir l’air dans le coup, en
quelque sorte. (1979)
On
peut dire pour notre défense que cela a contribué à faire du punk un phénomène
mondial. (La signature chez CBS) Lorsqu’on a signé, les gens se sont dit : ‘Mon Dieu ! C’est
peut être sérieux, après tout !’ On ne raisonnait pas en musiciens. On
était des idiots un peu fous, ce qui rendait notre musique bien meilleure. (1999)
On
sautait partout. On se rendait compte qu’on avait créé quelque chose de neuf.
Ce n’était pas la photocopie servile d’un riff, exécutée par des blancs,
c’était plutôt : Donnez nous votre riff et on le fera sonner partout dans Londres.
Scratch
Perry a beaucoup aimé. (à propos de Police And Thieves, 2002)
Parfois
je me surprends en train de gribouiller convulsivement sur un paquet de
cigarettes avec un stylo. Alors je jette le paquet de clopes et je me dis
"Putain, mais qu'est-ce que je suis en train de faire ? Un adulte à cette
heure-là de la nuit ?" Mais je chasse cette pensée et je ramasse le paquet
pour continuer.
Peu
importe ce que fait The Clash, c’est toujours le résultat de l’addition Bernie
Rhodes plus The Clash, pour le meilleur comme pour le pire. (1978)
Quand
ils ont vu que ça marchait pour nous, le Parti travailliste a tenté de prendre
le train en marche. On n’a pas repoussé leurs avances, on les a juste ignorées.
Quand
j’ai rencontré Bo, c’était phénoménal. C’était génial de voyager dans le bus
avec lui et l’écouter parler. Chacun avait une couchette dans le bus. J’ai
remarqué que Bo n’allait pas se coucher, qu’il restait sur son siège jusqu’à
pas d’heure. Alors je lui ai dit : Tu sais que tu as une couchette, Bo,
non ? Il m’a répondu : Viens voir. Il a tiré le rideau de sa
couchette et sa guitare carrée était dedans, retenue par des sangles. Il a
poursuivi : Ma guitare voyage dans la couchette, je voyage sur mon siège.
(2002)
Quand
on a écrit White Riot et toutes ces histoires de pistolets-mitrailleurs à
Knightsbridge ou de couteaux dans W118, on pensait à ce qui pouvait nous arriver. Je me suis placé
du point de vue du type que l’on menace avec un couteau, tu vois ? J’ai
imaginé que quelqu’un me braquait avec un pistolet mitrailleur à Knightsbridge.
Mais tout le monde a interprété ça comme
si c’était nous qui étions armés et qui agressions les gens. Cette chanson
raconte le genre de futur que je prévoyais. J’étais convaincu que l’avenir
allait nous baiser. Je le pensais vraiment. (1979)
Quand
tu es à fond dans la musique américaine, c’est un trip fantastique d’aller
là-bas, de traverser le pays en bus, de voir les endroits dont tu as toujours
entendu parler dans des chansons. (1979)
Quand tu t'en prends à toi,
tu apprends des choses. Si tu blâmes quelqu'un d'autre, tu n'apprends rien,
parce que hey, c'est pas ta faute, c'est sa faute à lui, là-bas.
—
Que réponds-tu à tous ceux qui veulent une reformation des Clash ? —
J'ai finalement compris ce qui m'écœurait tant là-dedans. C'était qu'un type
puisse filer cinq millions de dollars aux Clash pour se réunir ou faire une
tournée. Je joue pas à ce jeu-là. Ça me révolte parce que tu perds le respect
du public. Sans public, pas de musique. La musique, c'est de la communication,
ça ne vaut rien par soi-même. Il y a trois jour, je me suis réveillé en pensant
: 'Rien à foutre - s'il faut qu'on le fasse, alors on se reformera et on
n'acceptera pas le moindre dollar, de personne !' Donc ça n'arrivera pas. Si
j'ai un truc à dire à ces types avec leurs millions de dollars, c'est d'aller
les claquer aux courses, parce que nous, on n'en veut pas.
—
Quel héritage The Clash a-t-il laissé d'après toi ? —
Une sacrée pile de tubes de gel coiffant vides, déjà.
Quel que soit le groupe, c'est le mélange chimique de ses membres. C'est bizarre qu'aucun scientifique ne puisse pas quantifier ou mesurer ça.
Si
vous ne comprenez pas les paroles, ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas les
seuls. (s’adressant au public lors d’un concert aux États-Unis,
1979)
Si
vous prenez des drogues, soyez honnêtes, portez un kaftan ou alors une cloche
autour du cou… J’ai fumé tellement de pétards que je suis surpris de ne pas
être transformé en buisson. (1984)
The
Clash est un groupe de communication. Je ne me permettrai jamais d’écrire
n’importe quelle connerie dans un de mes textes. Nous sommes musiciens, nous
avons une fonction, des responsabilités. Le rock’n’roll ne changera sûrement
rien par lui-même, mais il est un formidable moyen d’expression.
To Have Output You Need
Input.
Toutes
les guitares dignes d’intérêt sur le disque, c’est Jones. (2002)
Je
considère Joe Strummer comme un leader dans l’univers du rock, bien qu’il n’ait
jamais reçu la reconnaissance qu’il méritait pour le courage dont il a fait
preuve en traitant de thèmes que d’autres étaient réticents à aborder. (Mikey
Dread, 2003)
Joe
disait la vérité et c’est important. Les gens sont manifestement sensibles à
ça. (Mick Jones, 2005)
Joe
nous a beaucoup appris, tous autant que nous sommes. Mais la leçon la plus
importante, et nous en avions conscience, c’était la façon dont il faut se
comporter avec les gens. Il aimait les gens. Et j’ai bien plus d’un exemple
pour vous en convaincre. Il était tout le temps comme ça. (Mick Jones, 2005)
Joe Strummer est un mec
merveilleux , c’est un vrai rocker ! (Patrick Eudeline, Asphalt Jungle, 1977).
Son socialisme était totalement bidon et inepte, et il en
était bien conscient. Et il savait que je le savais. S’il l’avait nié, on
n’aurait jamais pu être potes. Je déteste la fausseté et je m’accommoderais
jamais de paroles qui ne soient pas sincères : il n’était pas de gauche, il a
juste pris le train en marche, et les morceaux qu’il a composés m’ont toujours
profondément ennuyé. Je l’ai vu de mes yeux prendre sur une étagère un livre de
Karl Marx, choisir une page au hasard et surligner un passage. Puis écrire un
morceau à partir de cet extrait. C’est une imposture. Même en faisant preuve de
la plus grande imagination, on ne peut que constater que Joe venait d’une
famille et d’un milieu bien plus aisé que le mien, et pourtant, il prêchait à
quelqu’un comme moi l’anarchie, la vie en HLM… c’était insultant ! Moi, je sais
ce que c’est la pauvreté. Si quiconque pense que ce que je dis sur Joe est
faux, alors il se trompe et ne comprends rien à la situation. Moi j’appartiens à
la classe ouvrière, Joe Strummer n’en a jamais, mais alors vraiment jamais,
fait partie. C’est là la grande différence (John Lydon, 2014).
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