C’était
une époque étrange (1978). Le punk
allait droit vers la catastrophe et tout le monde flippait à l’idée de ce qui
allait se passer. On n’était pas sûrs d’avoir encore une carrière. Mais ça nous
laissait une page blanche. (Hugh Cornwell)
Cela
fait cinq ans que je ne prends plus aucune drogue. Et mon cerveau s’en porte
d’autant mieux. Les dopes sont une impasse, le problème c’est qu’on ne s’en
aperçoit pas pendant qu’on en prend. De toute façon, il n’y a pas de secret,
tout le monde finit par arrêter. Arrêter de crever. (Hugh Cornwell, 1988)
Cette
réputation était justifiée. Ceux qui nous connaissaient savaient qu‘on avait de
l’humour, mais ceux qui lisaient les articles sur nous pouvaient croire qu’on
était les mecs les plus méchants et sinistres de la planète. On avait un
publicitaire réputé, Alan Edwards, qui exploitait le moindre incident. On était
contents d’être reconnus. (Hugh Cornwell)
Dave
est très étrange. De toute façon tous les Stranglers sont étranges… sauf
moi ! C’est une machine, un ordinateur comme Spoke dans Star Strek.
Complètement logique. Si tu lui demandes l’heure il te la donnera à la seconde
près. En fait personne ne le connaît très bien. Même pas sa femme !
(Jean Jacques
Burnel)
Face
au doute, les gens sont trop feignants pour tâcher de l’analyser par eux-mêmes
et du coup, ils se retournent vers des valeurs bien définies, prouvées. La
montée du fondamentalisme religieux en Iran est un exemple typique. Il y avait
trop de révolution dans la vie de tous les jours, si bien qu’ils ont préféré
retrouver le diable qu’ils connaissaient plutôt que d’en découvrir un qu’ils ne
connaissent pas. C’est aussi valable aux USA et en Europe. Même en musique, il
est toujours plus sûr de revenir aux valeurs déjà connues, au nom du bon vieux
temps… (Jean-Jacques
Burnel, 1985)
Hugh
c’est le débonnaire, méchant, intellectuel. Il est très cynique et a un très
méchant sens de l’humour. Un humour plus que noir ! Il n’épargne personne
et veut choisir le meilleur en toute chose : meilleurs goûts, meilleure
nourriture, meilleurs vêtements… plus que perfectionniste ! (Jean Jacques
Burnel)
Il
faut connaître la peur pour savoir ce qu’est le courage. Le courage c’est
reconnaître la peur et la combattre. Sans peur, on n’a pas de courage.
(Jean Jacques
Burnel)
Je
crois que l’on peut avoir la haine sans le faire à 200 à l’heure. Et puis, quand tu approches de la
cinquantaine, il serait hypocrite de prétendre avoir vingt ans. Je suis un
rocker depuis mes douze ans et j’espère le rester encore longtemps. (Jean
Jacques Burnel, 1992)
Je
ne perçois rien de triste dans les sujets que l’on aborde, que ce soit le noir
ou même la mort. Notre humour est trop subtil pour eux ! (Jean Jacques
Burnel)
Je
ne regrette rien à propos de mon tempérament explosif. C’était marrant sur le
coup, c’était un défoulement. La provocation m’amuse. Ce serait bizarre de ne
pas évoluer. Cela fait trente ans que je pratique le karaté et je ne pète plus
les plombs désormais. Mais c’était une époque d’explosions et de brouillard,
une période d’excès en tous genres… (Jean Jacques Burnel)
Je
suis fasciné par le cannibalisme et je suis certain qu’un jour je le
pratiquerai, même juste une fois. (Jean Jacques
Burnel)
Je
trouve que les français ont une peur pathologique du franglais, qui est un
concept absurde basé sur un réflexe défensif assez bête : une étude
récente dans un journal de Londres montre qu’il y a plus de mots d’origine
française dans la langue anglaise que l’inverse. (Jean Jacques Burnel, 1989)
Jet
Black c’est la force intégrale des Stranglers. La stabilité, l’ancre… Mais
c’est aussi le lion, le dragon endormi. Une fois qu’il est fâché, il emporte
tout le monde avec lui. Je l’ai vu quelques fois en colère, il casse tout, rien
ne peut l’arrêter. Je voudrais même pas essayer. (Jean Jacques
Burnel)
La
folie n’est pas une maladie mais plutôt une crise, une attaque surprise comme
Pearl Harbour ! Elle surprend inconsciemment. On dit qu’elle aveugle les
gens, même les plus sains. (Jean Jacques
Burnel)
La
prison a été pour moi le début de la descente. Tout allait bien jusqu’à The Raven. Après c’est devenu très
difficile, très sombre. […] A peine libéré, je me retrouve à nouveau en prison
en France, ce qui m’a vraiment foutu les boules. C’était immonde, vraiment crasseux,
il y avait des cafards partout. Et on était emprisonnés à tort. On a vraiment
accumulé la malchance. Au lieu de contrôler les évènements, ce sont eux qui
nous ont contrôlés. On était trop naïfs. (Hugh Cornwell)
Le
viking est pour nous symbole de l’esprit de découverte mais Le Pen emploie le
terme dans un autre sens, alors nous ne nous y référons plus. (Jean Jacques
Burnel, 1984)
Les
choses se sont polarisées en 1978. On se disait, « si vous n’êtes pas avec
nous, vous êtes contre nous ». Mais l’esprit de groupe était très fort. On
avait surmonté l’agressivité dirigée contre nous parce qu’être dans les
Stranglers a été violent dès le début. (Jean Jacques Burnel)
Les
gens disaient « ils sont totalement tarés » au sujet du concept album
où Dieu est un cosmonaute et la religion un système de contrôle sinistre. Mais
une fois qu’on s’est débarrassé de notre obsession pour les hommes en noir, on
est passés à autre chose. Quand on pense de façon négative, des choses
négatives vous arrivent. Et on a arrêté de le faire. (Jean
Jacques Burnel)
Les
Stranglers c’est un nom qui te reste en travers de la gorge comme un os de poulet.
(Jean Jacques
Burnel)
On
enregistrait The Raven à Paris pour
faire des économies d’impôts. Ce jeune reporter (Philippe Manœuvre) nous harcelait et j’ai accepté de lui accorder
une interview s’il venait avec nous. Je l’ai embarqué au premier étage de
la tour Eiffel, lui ai baissé son froc et l’ai attaché à une poutrelle avec du
gros scotch. Puis je l’ai planté là. (Jean Jacques Burnel)
On
était tous à fond dans ce concept des hommes en noir, ce qui n’était
probablement pas très bon pour nous. Ça nous déprimait atrocement. On lisait
les prédictions de Nostradamus sur le Shah d’Iran et on se demandait chaque
jour si la fin du monde était proche. Quand on prend des drogues hallucinogènes
et qu’on plane le plus gros du temps, ça finit par modifier la façon dont
l’esprit fonctionne. La drogue nous donnait des visions paranoïaques. (Hugh
Cornwell)
Quand nous avons joué à Los Angeles, les féministes américaines ont fait une manif devant le club où nous nous produisions. Elles trouvaient nos chansons abominablement sexistes. Alors, nous, en arrivant, nous sommes sortis de notre bus, et nous en avons kidnappé une, qui se tenait un peu à l'écart. Mais elle s'est mise à hurler et à rameuter ses copines... Et nous nous sommes retrouvés à trois contre deux cent filles en folie qui nous matraquaient à coup de pancartes... Je dois dire que j'ai été assommé en moins de deux... Philippe Manoeuvre : Mais, heu... Si votre kidnapping avait réussi, qu'auriez-vous, heu... - Ben on l'aurait violée tiens, ha ! ha ! ha ! (Jean-Jacques Burnel, The Stranglers, 1978)
Rien
n’est un problème pour les Stranglers. (Jean Jacques
Burnel)
C’était
de vrais punks qui se foutaient vraiment de qui ils choquaient. Jean-Jacques et
Hugh étaient toujours odieux, parce qu’ils se disaient qu’ils devaient l’être.
C’était par malice, pas par méchanceté. Dans le fond, Jean-Jacques était un
doux, il venait d’un milieu protégé. Lorsque sa mère était là, il ne portait
pas de cuir, il mettait un blazer. (Ian Grant, comanager des Stranglers entre
1976 et 1980)
Hugh
était un hippie vieillissant. Jet cherchait des OVNI et racontait des trucs
comme « Jésus était un homme en noir venu d’une autre planète » Dave
ne parlait pas, il sortait des petites phrases. Il m’a dit un jour, « je
te montrerai le sens de la vie », et on a compris qu’il voulait parler
d’acide. Jean-Jacques pouvait péter les plombs parce qu’il était en forme et
très costaud grâce au karaté, et il y avait des mecs qui montaient sur scène
pour l’affronter. (Ian Grant)
Ils
avaient toujours une carafe d’eau sur scène. Mais ce n’en était pas vraiment
une : ils pissaient dedans. Si quelqu’un leur crachait dessus, ils la
vidaient sur le premier rang. Puis ils disaient : « Vous êtes
maintenant baptisés à la pisse de Strangler. » (Ian Grant)
Ils
prenaient de l’héroïne, ce qui les rendait ingérables. Toutes ces histoires de
poisse et d’hommes en noir, la malchance, ce n’était que de la bêtise. Ils
auraient pu conquérir le monde et s’ils n’y sont pas parvenus, c’est parce
qu’ils ont tout gâché. (Ian Grant)
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