Au CE2, une nonne m'a mis dans
une poubelle sous son bureau en me disant que là était ma place. J'ai aussi eu
le privilège d'être le seul enfant de
choeur a être frappé par un prêtre pendant la messe.
Beaucoup de chanteurs avec une belle voix, une voix magnifique
même, ne seront jamais convaincants. On en voit partout dans les émissions de
téléréalité pour « nouvelles stars » et dans les salons des Holiday
Inn de toute l'Amérique. Ils savent tenir une mélodie, ils sont d'une justesse
irréprochable et arrivent à monter super haut dans les aigus, mais ils passent
à coté de l'émotion parce qu'ils ne chantent pas avec toute leur âme (Born to run, 2016).
Ça m’intéresse de savoir ce que
veut dire « être américain ». Ça m’intéresse de savoir ce que c'est
de vivre en Amérique. Ça m'intéresse de savoir dans quel type de pays on vit et
on va laisser à nos enfants. Ça m’intéresse d'essayer de définir ce qu'est ce
pays.
Certaines choses sont plus importantes qu'un concert. Cette
bataille contre les préjugés et le puritanisme font partie de celles-ci.
L'annulation fait partie des moyens les plus forts que j'ai pour protester
contre ceux qui continuent de faire reculer les choses au lieu de les faire
progresser (suite à l’annulation d’un concert en Caroline du
Nord, en protestation à une loi jugée discriminatoire envers la communauté LGBT
(lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels), avril 2016).
Elvis
a libéré les corps alors que Dylan a libéré les esprits.
En grandissant, il y a eu deux choses impopulaires dans ma
maison. L’une était moi et l’autre était ma guitare.
Il
s’agit simplement de se montrer honnête avec les spectateurs et avec soi-même.
On ne peut pas se conformer à la formule
consistant à toujours donner au public
ce qu’il veut ou alors on se détruit et on détruit le public aussi. (1973)
Il
y a eu de nombreux prétendants, mais un seul King.
Il y a un véritable patriotisme sous le meilleur de ma musique
mais c’est un patriotisme critique, qui pose des questions et souvent en colère.
Il n’y a pas une note que je joue sur scène qui ne remonte
directement à ma mère ou à mon père.
J’ai besoin d’écrire et de jouer. Si je devenais électricien
demain, je continuerais à rentrer chez moi le soir et à écrire des chansons.
J'ai monté la guitare dans ma chambre et j'ai refermé la porte
comme s'il s'agissait d'un accessoire érotique (c'en était un !) (Born to run, 2016).
J'ai passé ma vie à tenter de
juger la distance entre la réalité américaine et le rêve américain.
J'étais très bon en musique et très
mauvais dans tout le reste.
Je fais beaucoup d’achats par curiosité. J’achète si j’aime la
pochette, j’achète si j’aime le nom du groupe, en gros, tout ce qui titille mon
imagination.
Je
n’ai jamais touché aux drogues. J’ai bien connu quelques moments où
l’autodestruction me fascinait et me tentait, mais sans pour autant être attiré
par les drogues. Je n’en ai jamais fait une question de principe. Simplement,
si je n’ai jamais touché à ces trucs, c’est qu’ils me foutent la trouille. Je
suis incapable de m’abandonner à des
substances aussi hasardeuses parce que je ne sais pas quel genre de type je
deviendrais sous l’emprise de drogues. (1996)
Je pense que c'est ce que fait le
cinéma, la musique et l'art : ils marchent comme une carte pour catégoriser nos
émotions.
Je pense que la vie entière est
un processus pour tirer au clair certains des premiers messages que tu as reçus.
Je
pense que l’idée américaine de l’égalité des chances n’a manifestement pas été
réalisée. Ce qui est pire, c’est que toute les études qui ont été faites sur la
partage des richesses dans la société, ces quinze dernières années, montrent
que la classe moyenne devient de plus en plus petite et que les gens sont de
plus en plus éloignés les uns des autres. C’est quelque chose qui n’a pas
encore provoqué d’émeutes, mais ça a débouché sur des espoirs, des attentes et
des possibilités diminuées. (1995)
Je pense que tu atteints un point
où le nihilisme, si c'est le bon terme, est accablant, et où les lois basiques
que la société a créées - qu'elles soient religieuses ou sociales - n'ont plus
de sens.
Je
prie pour que le malin vienne et m'emmène dans les fournaises ardentes de
l'enfer.
Je
veux être un rocker, un musicien, pas une rock star.
Jusqu'à ce que je réalise que la
musique rock était ma connexion au reste de la race humaine, j'avais
l'impression d'être mourant, pour d'obscures raisons, et je ne savais pas
pourquoi.
La date de sortie c’est juste un jour, mais le disque est là pour
toujours.
La foi aveugle dans vos leaders
et même dans n'importe quoi d'autre vous tuera.
La
morale n’est pas quelque chose qu’on « résout » une fois pour toutes.
Mais ça retourne la terre, ça secoue l’arbre, ça remue un peu la question, ça
fait du bien jusqu’à la prochaine fois. Je raconte ce que je vois et après que
je l’aie raconté du mieux que je peux, ça prend le sens que ça doit avoir. (1984)
La première fois que j'ai entendu Bob Dylan, j'étais en voiture
avec ma mère en train d'écouter WMCA, et alors est arrivé ce claquement de
caisse claire [la batterie en intro de « Like a Rolling Stone »],
comme si quelqu'un avait ouvert d'un grand coup de pompe la porte de mon
cerveau (1989).
La
première fois que j'ai entendu la voix de Frank (Sinatra), c'était sur un juke-box, dans
la pénombre d'un bar, un dimanche après-midi, pendant que ma mère et moi, on
cherchait mon père. Je me souviens qu'elle m'a dit : “Écoute ça, c'est Frank
Sinatra. Il vient du New Jersey.” C'était une voix qui respirait le mauvais
genre, la vie, la beauté, une voix chargée d'excitation, d'un méchant sens de
la liberté, de sexe et d'une triste expérience de la marche du monde. On aurait
dit que chaque chanson avait en post-scriptum : “Si t'aimes pas ça, prends
celui-là dans la gueule !” Mais c'était le blues profond de la voix de Frank
qui me touchait le plus. Sa musique devenait peut-être synonyme de nœud
papillon, grande vie, grands crus, jolies femmes et raffinement, sa voix blues
représentait toujours la chance qui vous fuit, ces hommes, au fond de la nuit,
leur dernier billet de dix dollars en poche, qui cherchent un moyen de s'en
sortir. Au nom de tout le New Jersey, Frank, laisse-moi te dire : “Salut,
frangin, tu as craché l'âme de tes frères”. (Lors de l'émission « Sinatra : 80 Years
My Way », diffusée le 14 décembre 1995)
La République est assiégée par un abruti. Sans exagérer,
c’est une véritable tragédie pour notre démocratie (à propos
de Donald Trump, Rolling Stone, 2017).
La sobriété était devenue en quelque sorte une religion pour moi, je ne faisais pas confiance à ceux qui ne juraient que par l'ivresse et la fête. Je ne sais pas pourquoi, je me promenais toujours avec un balai dans le cul, et une certaine dose de fierté. - Born to Run, 2016.
La vie d'adulte c'est gérer un
énorme amas de questions qui n'ont pas de réponses. Donc je laisse le mystère
s'installer dans mes chansons. Je ne nie rien. Je ne me fais l'avocat de rien.
Je vis juste avec.
Le grand défi...est de conserver son
idéalisme après avoir perdu son innocence.
Le jour où j'ai reçu
cette guitare, j'ai essayé de la faire parler, mis elle ne voulait pas se taire,
alors j'ai essayé de l'étrangler.
Le
monde change quand tu as 45 ans. Tu découvres tes limites. Tout se complique.
Tes relations amoureuses se compliquent. Quand tu as 25 ans, le monde est
ouvert, il te semble qu’il t’appartient, que tout est possible. C’est comme ça
que ça doit être. Tu vieillis, tes rêves d’adolescent ne changent jamais, mais
en même temps, pour ne pas devenir dingue, tu dois accepter plein de
limitations de toutes sortes. Le fric et le succès n’ont rien à voir là-dedans.
A mon avis c’est une loi fondamentale. Tu ne peux pas réussir ta vie sans
accepter des limites, qu’elles soient financières, morales… (1995)
Le nom « Boss » a commencé avec des gens qui
travaillaient avec moi. Ça ne voulait pas dire Boss, avec un B majuscule, ça
voulait dire « Boss, où est mon pognon cette semaine ? ».
C’était un terme entre amis. Je ne l’ai jamais vraiment aimé.
Le succès rend la vie plus facile. Il ne rend pas l’existence
plus facile.
On peut toujours se demander si dans mes chansons je parle de
moi ou si je me mets dans la peau d’un personnage. Mais à partir du moment où j’écris
mon autobiographie, il ne s’agit plus que de moi, et je ne peux me cacher
derrière personne d’autre. Le livre permet aux fans d’avoir une image plus
précise de qui je suis. Mais pas forcément plus qu’à travers ma musique. Je
suis persuadé que ma musique résume parfaitement qui je suis. Que ce soient mes
valeurs, ma vision du monde, mon envie de faire bouger les choses, mon enfance,
et les épreuves qui ont fait de moi un homme (à propos de
son livre Born to run, Arte, 2016).
Quand j’étais très très jeune, j’ai décidé que j’allais
cataloguer mon époque parce que c’est ce que d’autres que j’admire faisaient.
C’est ce qu’à fait Bob Dylan, c’est ce qu’à fait Frank Sinatra, Hank Williams
l’a fait, de façons très différentes.
Quand vous conduisez une limousine la première fois, c’est un
grand frisson, mais après ça, c’est juste une voiture banale.
Selon moi, j’étais un garçon intelligent qui ne réussissait pas
bien à l’école. Je ne m’insérais pas dans le système éducatif. Mon intelligence
était ailleurs.
Talk
about a dream, try to make it real. Parle d'un rêve, tente d'en faire
une réalité.
Tous
les soirs, quelle que soit la ville, dans la salle, il y a un ado qui a dépensé
toutes ses économies pour acheter sa place, et il attend ce show depuis six
mois, et il en rêve la nuit, il a arraché à ses parents la permission d'aller
au concert, il mise toute sa vie émotionnelle sur ces trois heures de rock.
Qu'il ait tort ou raison, c'est un fait : il mise tout sur toi. Si tu le
déçois, tu brises quelque chose d'important. Alors, quand tu montes sur scène,
il faut jouer pour lui, et pour lui seul. Et, quand le concert est fini, cet
ado doit être encore plus épuisé que toi.
Vous ne pouvez pas avoir des États unis si vous dites à certains
qu’ils ne peuvent pas monter dans le train. Il y a un point de rupture où la
société s’effondre.
Bruce
Springsteen aurait bien voulu venir au Live Aid, mais il était en pleine
tournée, il était fatigué et il m’a dit qu’il voulait consacrer le peu de temps
libre qu’il avait à sa jeune épouse. Jagger
était mort de rire, il a dit que le coup du concert de charité c’était au
contraire une excellente excuse pour larguer sa bonne femme quelques heures.
(Bob Geldof, 1985)
J'ai
vu l'avenir du rock'n'roll, il s'appelle Bruce Springsteen. Une nuit où j'avais
besoin de me sentir jeune, il m'a fait me sentir comme si c'était la première
fois que j'entendais de la musique. (Jon
Landau, critique musical)
J’estime
qu’il y a chez Bruce Springsteen une tendance à la langue de bois
rock’n’rollienne. Il utilise certaines métaphores comme celle de la route, des
voitures et crée à partir d’une réalité
extrêmement noire, un univers romantique qui à mon avis sonne un peu faux.
(Paddy McAloon, Prefab Sprout, 1988)
Qu’est-ce que tu
penses de Bruce Springsteen ? Il me fait l’effet d’un mec qui se
défonce à rien. C’est les pires (Coluche).
Que Dieu aide Bruce Springsteen. Quand ils décideront qu’il n’est
plus Dieu, ils se retourneront contre lui et j’espère qu’il survivra à ça (John
Lennon).
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