Au
bout de trois morceaux il y a une canette qui vole et passe à côté de ma tête.
Là, de manière hyper subtile, je me plante sur le devant de la scène et je fais un
salut nazi au mec. Toutes ces conneries autour du salut nazi on en reparlera
peut-être à un moment, parce qu’il y a un truc à clarifier par rapport à ça. Le
fait de faire ça, c’est plus pour provoquer le mec en face parce qu’il vient
d’avoir une attitude, genre de censure, de te balancer un truc dans la gueule,
donc tu lui réponds, tu fais pareil. Évidemment, les mecs commencent à
s’énerver, le morceau continue et à un moment Clode Panik se penche, et un mec
saute pour essayer de l’attraper par les cheveux. Vu qu’il n’en a pas, ça ne
marche pas et le mec se ramasse la gueule. Zip Zinc de son côté prend un pied
de micro et il saute dans le public avec… Les mecs du premier rang, Asphalt
& co, se retournent et commencent à latter dans tous les sens, Rikky
Darling avec sa guitare retournée est prêt à allumer le premier qui approche de
la scène, voilà le premier concert, baston générale… (Eric Débris, Nyark Nyark, à propos de leur
premier concert au Golf Drouot, 2006)
Cette image de « Sex Pistols français » qu’on nous a collée
dès le début nous dessert. Pourtant, on ne joue plus « Anarchie en France »
depuis 8 mois (1977).
Daniel Lesueur : Pourtant, vous avez participé à
l’immonde «Blue Jeans» ? Le fait d’y participer n’est pas un compromis. Le
compromis aurait été de faire les gusses, de répondre aux questions débiles de
Lafont, de se frotter à Sardou. En un mot, nous refusons que quelqu’un ait une
action sur nous ; nous voulons exactement le contraire ! La télé, on en a
besoin. Mais on s’est pointés en expliquant qu’on venait faire notre truc ET
RIEN D’AUTRE. S’il avait fallu faire les putes, sauter comme des sauterelles
sur un play-back, on se serait tirés. Par contre, refuser de participer à cette
émission aurait été idiot. « Paris Maquis » un après- midi, c’est subversif. Il
faut s’infiltrer, prouver notre existence (1977).
Dans
le punk rock, dans le rock aussi d’ailleurs, on embauche un type parce qu’il a
l’air d’un bassiste, d’un batteur ou d’un chanteur et pas parce qu’il sait
jouer, c’est après qu’il apprend… (Eric Débris, Nyark Nyark,
2006)
Depuis le début, un seul but : la subversion, sans aucun
compromis ! (1977).
Élections,
pièges à cons.
Il faut que le public flashe sur les fringues, puis la
musique, et enfin les paroles. Le public paie pour voir un spectacle, pas une
poubelle ! Le mot d’ordre punk, c’est « créez tout par vous-mêmes, vos
vêtements, votre attitude, votre musique, vos fanzines ». C’est une stimulation
de l’esprit et du corps (1977).
Il
n’y avait pas de “style punk”, le punk au départ c’est chacun fait sa musique
avec son style. Les mecs ne faisaient surtout pas la même chose que le voisin.
C’est à partir de la deuxième vague que les mecs ont commencé à faire du punk
rock, et là, pour moi ça commence à partir en couilles parce que ce n’est pas
un style, le punk rock, c’est une attitude, donc il y a un problème. (Eric
Débris, Nyark Nyark, 2006)
Je
me suis mis aux machines parce que je n’avais pas le temps d’apprendre à jouer
de la guitare (Eric Débris)
Le punk est un mouvement créé par les Pistols qui, un jour,
on décrété que le rock était devenu une institution, chiante comme la mort et
qu’il fallait créer quelque chose de nouveau, englobant forme de musique,
fringues, attitudes. C’est rapidement devenu la merde, car il suffisait d’avoir
les cheveux courts et les épingles pour décrocher un contrat d’enregistrement !
Le mouvement, honnête à l’origine, a rapidement dégénéré. Quant à nous, nous
refusons catégoriquement de jouer dans des salles de plus de 3000 personnes.
C’est un vol collectif lorsqu’un mec, au millième rang, non seulement ne voit
rien, mais en plus se fait buter à la sortie. Le punk-rock, c’est une réaction
contre toutes les stars établies, contre les magouilles du show-biz. Seuls les
Pistols étaient restés purs. Des mecs comme Jam ou Boomtown Rats, c’est déjà la
même chose que Zeppelin : ils n’ont déjà plus qu’un seul but : vendre du
disque. Les Pistols se sont peut-être séparés parce qu’ils ne veulent pas devenir
les Stones des années 80 (1977).
Le
seul fait de sortir dans la rue c’est de la politique. Quand tu vis, et que tu
ne te contentes pas d’exister c’est politique. Si tu existes, tu te lèves le
matin tu vas bosser, tu rentres le soir, tu vas voter une ou deux fois par an,
et tu meurs une fois que tu as touché ta retraite. Mais quand tu vis, ta vie tu
essayes de l’inventer, donc du coup tu ouvres les yeux, les oreilles, et puis
ta gueule… On est politiques, mais surtout pas politiquement corrects. On est
très, très, incorrects… (Eric Débris, Nyark Nyark, 2006)
Moi
seul et unique / Sans copie et sans réplique / Je ne me reproduis pas / Je suis
indivisible / Je n’appartiens à personne / l’univers est pour moi. (Numéro Zéro, 1977)
Nous avons été contactés, mais par des gens aux principes
bizarres : « On vous fait une fleur en vous signant, alors on ne peut pas en
plus vous donner de l’argent » (1977).
On
a cinq titres à l’époque, mais on n’arrive à en jouer que trois. On était mort
de rire, on ne pouvait pas espérer mieux ; un concert qui dégénère en baston
générale, c’était parfait pour le premier. C’est sûr qu’on est rentré par la
grande porte dans le Panthéon… (Eric Débris, Nyark Nyark, à propos de leur premier concert au Golf
Drouot, 2006)
On
a tenté un truc avec machines et guitares, et au cours de cette répétition, un
de nous, je ne sais plus si c’est Zip Zinc ou moi, fait : “c’est du métal”,
et l’autre : “oui, mais urbain”, alors c’est du métal urbain. Et là, on a
décidé finalement de faire des morceaux de trois minutes, de les ramener à un
format rock, de trouver un chanteur… Sans penser faire du punk rock ou autre,
parce qu’on faisait ce qu’on voulait faire. (Eric Débris, Nyark
Nyark, 2006)
On
fait partie de ceux qui sont assis au fond de la classe, qui sont plus
préoccupés par le dernier disque qu’ils ont acheté que par le cours de maths. En fait, faire du punk-rock à l’époque, c’est vouloir faire du
rock’n’roll différemment de ce qu’on voit. (Eric Débris, Nyark
Nyark, 2006)
On ne veut pas tourner sans arrêt, les galères, les
tournées, les salles monstrueuses. Il n'y a pas de motif valable : les
interminables tournées serviraient simplement à faire vendre notre disque tout
en faisant faire des économies de publicité à la firme responsable ! On préfère
jouer peu souvent, mais bien (1977).
« Panik », c’est international. De même, en France, un môme
de 16 ans comprend « Anarchy in the U .K.», sans problème. L’énergie, elle est
dans la musique plus que dans le texte. Tu sais, même les anglais comprennent
difficilement les paroles de Rotten (1977).
Parmi
la foule des zombies / Je suis un dieu, un héros, / Je suis le chiffre infini /
Le numéro zéro. (Numéro Zéro, 1977)
Pour
signer en France il faut : -
Être vieux (connaître du monde) -
Avoir les cheveux longs (être insignifiant) -
Jouer du hard-rock (plaire à la masse) -
Chanter en anglais (pas dérangeant) (Clode
Panik, Métal Urbain, extrait du communiqué envoyé à la presse en 1979
lors de la séparation de Métal Urbain)
Quand tu es dans un groupe, quand tu crois en ce que tu
fais, tu ne peux pas apprécier ce que font les autres. Généralement, les mecs
sont prêts à faire n’importe quoi pour réussir (1977).
Stones ou Zeppelin, c’est l’anti-subversion. Quant aux
groupes français qui chantent en anglais, c’est bien une preuve qu’ils n’ont
rien à dire. Où est la subversion si le public ne comprend pas les textes ? Les
groupes, plus ils ont de moyens, plus ils se ramollissent ! (1977).
Télé ou radio nous passent entre un Sardou et un disco... le
cocktail ! Si, dans le futur, on a plus d’impact, il est évident que les médias
s’apercevront qu’on ne s’arrête pas au simple niveau de la chanson (1977).
Leur attitude est ridicule. Ce
sont de sales petits cons, des exhibitionnistes et mauvais musiciens. Quand on
aime pas un groupe on se casse mais on ne reste pas seulement pour critiquer.
Je pense qu'ils sont venus uniquement parce qu’ils ne payaient pas ; ils
n’avaient visiblement pas écouté notre disque avant. Ce qui est tuant c’est de
juger un groupe à la longueur des cheveux des musiciens ou si le guitariste
joue plus de trois accords. Les mecs de Métal Urbain nous ont traités de
hippies ou de vieillards. Je crois quand même qu’il y a beaucoup de jalousie dans
leur attitude (Trust, 1977).
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