À
la planète Rock, la planète Chanson, la planète Rap et tutti quanti, je
préférerai toujours le vaisseau spatial qui m'emmène de l'une à l'autre. Il en
est de même avec les tribus, les nations et les drapeaux, les clochers, les
minarets et les totems, les blondes, les brunes et les rousses, les villes, les
campagnes et les mers, les inconnus, les amis et la solitude... Nomade. (2009)
C'est
difficile de se renouveler. Il faut toujours que ce soit un angle nouveau pour
pouvoir continuer sans que ce soit artificiel. Toute la gymnastique est là.
Ce que je fais plaît à des gens, mais pas forcément ceux
auxquels ça s’adresse (Longueur
d’Ondes, 2008).
Dans
les 80's j'ai eu l'honneur d'être un has-been jeune et la chance d'avoir pu
m'évader du grenier. Un magazine d'époque que l'on qualifiait de branché
m'avait rangé dans la liste "out" des personnalités à éviter. C'est
le sort souvent réservé aux ex-quelque chose qui ont la prétention de continuer
d'exister. Il fait le tri dans le carnet d'adresses, il nous apprend l'humilité
et la pugnacité, il nous fait perdre nos illusions et c'est tant mieux.
Attention, ne pas confondre perdre ses illusions et être désillusionné. Dans le
premier cas, le regard se dessille, dans le second, il s'obscurcit. Ne plus
avoir d'illusions est une force dans le monde d'aujourd'hui bâti uniquement sur
le paraître. La réalité s'étale au grand jour, bête et indémodable. On l'arrange
selon ses humeurs et ses convictions. (2008)
Il
est vrai que je n'ai jamais tout fait pour l'obtenir, le succès. En gros, dans
la vie, il y a ceux qui le cherche à tout prix et ceux qu'il couronne
incidemment. Je suis de cette catégorie. (2009)
Il
m’arrive de réécouter les premières chansons de Starshooter. Il y en a
certaines qui me font rire. Et puis parfois, il y en a une qui est là. Je ne me
rappelle plus pourquoi et comment je l’ai écrite, mais c’est moi. Je crois que
le gamin que j’étais serait plutôt content de rencontrer l’adulte que je suis
devenu, et qu’il passerait même un bon moment. (2008)
Il
y a de l'imprévu dans la création, imprévu que les recettes éradiquent, que les
raccourcis évitent. L'imprévu nous révèle à nous-mêmes. C'est de lui surtout
que jaillit la nouveauté. L'imprévu est un million de fois plus grisant que
l'artifice. (2009)
Je
ne me sens pas chez moi aujourd’hui dans le monde dans lequel on vit. Je me
sens toujours à part, et je ne dois pas être le seul. Quand je lis des
sondages, je me rends compte que je ne fais jamais partie de la majorité. Quand
je réponds à un questionnaire, il n’y a jamais la case qui me correspond. (2008)
Je
remercie FIP et les radios indépendantes qui font leurs playlists avec les
oreilles et non avec une règle de calcul. (2008)
Je
suis vachement content d’avoir vécu une existence de groupe entre 1977 et 1981
parce que c’était le meilleur moment. Tout était permis, tout était possible,
personne ne savait nous diriger. Aucune maison de disques ne savait comment
nous prendre. (1987)
Le
loser est celui qui sabote son talent. Vous pouvez vendre trois disques et ne
pas être un loser. Vous pouvez habiter Beverly Hills et en être un. Toutes les
Ferrari vous le diront. (2009)
Le
plus beau cadeau qui reste pour un chanteur, c'est au moins une chanson qui lui
perdure. On finit par être une chanson quand des années plus tard, la chanson est
toujours là et nous plus.
Le
téléchargement illégal est intéressant pour faire des découvertes, éviter
l’achat de musique à l’aveuglette et acquérir des documents introuvables. Après
cela, si ce que l’on a entendu nous plait, la meilleure façon de le faire
savoir à l’artiste et de l’en remercier, est de lui acheter son disque. ( 2008)
Les
Majors s'écroulent sous nos yeux. Elles ont chassé au fil du temps l'imprévu de
leurs murs. Leur credo était la création sous contrôle, formatée, bien rangée.
Elles ont amalgamé support et musique sous le nom générique de produit,
transformant les directeurs artistiques en comptables, les artistes en marques
et le public en client. J'ai aimé, je l'avoue, jouer avec elles du temps de
leur superbe, profiter de leurs largesses en échange de ma singularité qui leur
servait d'alibi culturel. Aujourd'hui que l'argent n'est plus là, les Majors
cherchent encore à donner le change comme si de rien n'était. Je pense, en les
voyant, à Vittorio Gassmann, dans LE FANFARON, ce type qui la ramène bruyamment
en voiture de sport, au klaxon compulsif, toujours à chercher l'épate, à
séduire et dont la vie est vide de sens. (2009)
L'HOMME
DE MARS est une œuvre transversale, comme on se plaît à dire aujourd'hui. Je
suis ravi de l'accueil qui lui est fait dans les webzines, ce nouvel
underground qui est en train de rendre obsolète à vitesse grand V les caciques
médiatiques classiques. Ceux-là même qu'il faut traiter en prince pour qu'ils
daignent s'intéresser à vous. Qui se demandent dans quelle catégorie traiter un
tel objet, disque ou livre, rock ou variété, chasse, pêche ou traditions. (2008)
L'impudeur
est en passe d'être une qualité. À la télévision, lorsqu'on refuse de répondre
à une question indiscrète, on passe pour un pisse-vinaigre. (2008)
Ne
positivez pas ! Ne positivez plus ! Le positivisme est une forme perverse de
résignation. N'oubliez jamais que c'est Carrefour® qui a lancé ce barbarisme
pour vendre sa camelote. Revendiquez l'amertume, la puissante, la renégate,
celle qui fait bien comprendre que l'économie mondiale spolie des acquis
sociaux et non des privilèges. Aujourd'hui l'amertume n'est pas de mise. On
vous la reproche. C'est ringard d'être amer. Je dis Hopopop ! C'est comme le
doute, il faut savoir s'en servir à bon escient. Sans doute ni amertume pas de
débat ; sans débat pas de liberté. (2009)
On
aime les jeunes qui plaisent aux jeunes et les vieux chanteurs qui rappellent
d'autres jeunesses. Quel que soit le genre abordé, on est festif avant tout. La
poésie, les expériences, les remises en question, ça fait intello, c'est mal
assorti avec l'i-Pod. C'est dommage, j'aime bien l'i-Pod. (2008)
Si
j'étais culotté, je m'afficherais avec une Italienne, un ex-mannequin, une
princesse monégasque, une star du porno, un moine tibétain, que sais-je… Ce
genre de personne qui rend attractif plus sûrement que le travail bien fait.
(2008)
Sortie
de la scène et des rencontres publiques, la vie reste privée. C'est quelque
chose qu'on a du mal à faire admettre et à préserver à cause d'un panier de
crétins qui se rendent célèbres par leurs frasques plus que par leur talent. La
déviance s'est concrétisée avec Loft Story. Grâce à cette émission, nul besoin
d'avoir du talent pour devenir célèbre. L'émission a disparu, mais la
pathologie se porte bien. Et ses conséquences néfastes aussi. (2009)
Une
carrière d'artiste est sujette à un phénomène naturel : la phase. Vous pouvez
faire le meilleur disque du monde, être au sommet de votre talent, si vous
n'êtes pas en phase avec l'air du temps, vous êtes condamné à végéter sur une
mer d'huile. Par contre, si vous êtes la personne que le public désire, qu'importe
vos qualités, qu'importe si votre chanson n'est pas un chef d'œuvre, une vague
vous portera vers le succès, celui qui fait croire qu'on nous aime pour
toujours et efface l'aigreur des mauvais jours. Plus dur sera le "chut !"
(2008)
|