A
l'origine c'était 3 accords joués dans le désordre. Aujourd'hui on a un peu
évolué. Ça ne suffit plus de jouer tout le temps la même chose, à part si dans
un groupe la musique ne compte pas du tout.
A
Lyon, on a mauvaise réputation partout. Mauvaise réputation chez certains punks
à cause de notre engagement. Mauvaise réputation auprès des skins qui savent
qu'on ne les aime pas. Parmi les anars on ne fait pas non plus l'unanimité.
Au
début c’était vraiment dur ! Je chantais en murmurant. Les autres m’ont
soutenue et m’ont bien aidé à déstresser. Du coup, j’ai appris à crier, mais
pas à chanter pour autant ! (Alexa)
Au
départ j’étais baba-cool/Peace & Love. J’ai changé de look par la suite
parce que je trouvais que le punk correspondait plus à mes idées et mes envies
de “tout casser“. Ça n’a pas plu à mon père qui me traitait de fasciste !
(Alexa)
—
Ce n’est pas courant dans le rock ‘n’ roll, déjà d’avoir une fille qui chante,
mais en plus avec une voix claire ? —
Ce n’est pas courant non plus d’avoir une fille qui chante faux, du premier
morceau de l’album jusqu’au dernier ! On a tout de même innové dans ce
domaine… ! (Alexa)
Dans
le groupe chacun écoute des trucs que les autres n'écoutent pas et mis ensemble
ça donne Haine Brigade, et tout le monde s'y retrouve. On trouve que c'est bien
que l'on soit tous différents. Si on écoutait, si on aimait les mêmes choses,
ça restreindrait la créativité. Dans ce genre de groupe où tout le monde aime
la même chose, soit tous les membres évoluent en même temps, soit il y a
cassure rapidement.
Des
concessions, il y aura toujours des gens pour trouver qu'on en fait. Nous on en
fait pas. Et surtout pas pour devenir des rock stars !!
Être
punk en France n'a pratiquement jamais été synonyme de rébellion et de rupture
avec le système, mais beaucoup se sont crus rebelles parce qu'ils avaient un
cuir et les cheveux en l'air.
Gardez
vos espérances et ne vous laissez pas embringuer dans une vie sans combats. Fun & Enjoy ! (Alexa)
Il
ne faut pas faire d'opposition entre groupes funs et groupes sérieux, mais
plutôt entre gens intéressants, funs ou pas, et sombres crétins. Quant à nous,
c'est vrai que nos textes ne sont pas toujours à mourir de rire. Ce n'est pas
un choix, on parle peut-être plus facilement de ce qui nous indigne. En tout
cas, il ne s'agit pas de "parler sérieusement de choses sérieuses",
mais plutôt d'appréhender souvent de façon dérisoire des choses vivantes qui se
passent en nous ou ailleurs. De toute façon on n'est pas des punks ténébreux.
J’ai confiance en nos mômes, je pense qu’ils seront
beaucoup plus tolérants et plus intelligents que nous. (Alexa) Réflexion de 2017 : J'ai l'impression de m'être trompée sur ce coup-là, surtout en ce qui concerne la tolérance...
Jamais
de compte à rendre, juste des comptes à régler… Ta vie propre, comment tu la
mènes, comment tu fais ton groupe, comment tu parles aux gens, aux filles,
comment tu les respectes… À partir de là, tu as des affinités avec les gens,
pour nous, c’est politique, c’est une façon de faire. Après, savoir si tu es de
telle ou telle obédience, ce n’est finalement pas si important que ça. C’est
sûr qu’on n’est pas à droite… (Laurent)
Je suis incapable de
bosser 35 heures par semaine et encore moins de bosser plus pour gagner plus,
comme dirait l’autre ! L’argent n’a jamais été une source de motivation
pour moi. (Alexa)
La
façon de faire passer un message compte autant que le message !
Le
monde n'est qu'une division. Arabes/Juifs, Est/Ouest, Français/Immigrés...
Certains s'en éloignent et tant mieux. Certains l'oublient parce qu'on est
conditionnés et que de toute façon on ne va pas changer l'histoire humaine. L'absurde
aussi joue un rôle : on arrive à s'émouvoir plus pour 8 pélots en otage au
Liban que pour un peuple qui meurt.
Le
punk c'est la manière moderne de jouer le blues quand on est blanc et qu'on
habite une cité industrielle. (Gagou)
Les
anars avaient de bonnes idées mais dans la pratique c’était différent. On les
ressentait finalement assez sectaires… Ils étaient très directifs et nous, on
n’avait pas envie de ça. On voulait rester libre de nos pensées et de nos
actes. (Alexa)
Les
querelles de clocher existeront toujours, même au sein des soi-disant
révolutionnaires tant qu'ils n'auront pas compris qu'avant de changer le monde
il faut d'abord se changer soi-même. La règle première doit être la tolérance
et l'esprit d'ouverture vers tous les autres individus, même d"idéologie"
différente. Personne ne détient la vérité et il ne sert à rien de rester figé
sur les mêmes idées toute sa vie. On apprend 10 fois plus en cherchant à
comprendre les motivations des autres qu'en les rejetant. Tant que certains ne
seront guidés que par des idéologies plutôt que par leur réflexion et leurs
sentiments, il y aura de l'intolérance. Par exemple Crass n'a jamais dit
"Soyez tous anarchistes" mais "Pensez par vous-même".
Même
si quelque part on admet que le rock est un chant de révolte, pas spécialement
peace ou innocent, ce n'est pas une raison pour se prendre pour les héros des
temps modernes en lutte continuelle aux marges de la société. On sent ici
l'importance d'un peu de fun et de dérision.
Moi
qui n'ai pas écris le texte, j'ai pris le dernier couplet comme de l'honnêteté,
parce que jusqu'à présent, ni celui qui a écris le texte, ni aucun membre du
groupe n'a pris une kalashnikov pour descendre dans la rue. Un groupe qui
dirait "prenez les armes, etc" et qui ne le ferait pas serait
malhonnête. Après tu peux disserter si c'est un manque de courage, de volonté
ou de ce que tu veux... (Stef, manager, à
propos de Face à Face)
Notre
premier concert a lieu en 82, un truc organisé par les anarchistes du coin.
C’était un concert antimilitariste. Il y a comme chaque année des mecs qui
viennent avec leurs guitares sèches chanter des trucs politiques… Et on a joué
là-bas, avec un autre groupe lyonnais, “Sordid Blanket”, qui, comme nous, avait
un petit following de quelques copains. Et là on fait un concert chaotique,
c’était plein de punks, et on a joué n’importe quoi. Il n’y avait pas un seul
morceau construit. Chacun faisait ses trucs dans son coin… Et devant, c’était
le pogo général, l’émeute. Et quand on a arrêté, les mecs nous gueulaient :
encore, encore !!! (Gilles)
Nous étions révoltés,
rebelles et tout ce que vous voulez, mais nous étions avant tout pacifistes.
Nos guitares et nos textes étaient nos fusils. (Alexa)
On
a tous une gêne par rapport au nom d'Haine Brigade. On a toujours la haine mais
Haine Brigade est un nom violent alors que nous ne le sommes pas.
"Haine" nous semble péjoratif. On le ressent tous comme ça. C'est
d'ailleurs pour ça qu'on a fait une telle pochette, avec une photo tendre. Mais
on ne la ressent pas si tendre que ça en fait. C'est pour ça que le titre est
"Sauvages". On n'a pas mis un titre super-cool, genre "vive la
vie", "vive l'amour". D'ailleurs on a un texte d'humeur dans
lequel on dénonce les mecs qui ne parlent que de haine. Dans la vie, tout ce
qui est racisme et intolérance, c'est de la haine à l'état pur, de la haine
négative.
On
est pauvres, envoyez vos dons !!!
On
n’a pas créé le groupe pour flamber devant la punkette du dimanche. On avait
des trucs à exprimer et la vague punk avait répandu l'idée que le rock pouvait
être autre chose qu’une simple musique de danse...
On
n'a pas l'impression de faire de la politique lorsqu'on joue dans HB. La
musique ou un zine c'est de la communication et il est donc normal qu'on
exprime ce qui nous tient à coeur et ce qui nous motive. On ne fait pas de
militantisme. On n'affirmera jamais que l'anarchie est la seule solution car en
fait on n'en sait rien, on n'a jamais pu l'expérimenter...
On
n’aurait jamais signé avec un Major. On avait dans l’idée que l’on pouvait se
servir… en faisant tout par soi-même : groupe, fanzine, label, concerts,
magasin de disques, etc. L’alternative concernait surtout le fait de ne rien
attendre ou quémander, sûr de nos convictions et de nos envies. Musique punk et
radicalité conjuguées sur un mode « do it yourself ». (Laurent)
On
ne faisait pas de la musique pour gagner de l’argent, mais pour exprimer des
idées. (Alexa)
On
ne va pas attendre que ça change, retroussons nos manches, prenons le maquis,
rockons mes frères, demain sera un autre jour.
On
ne voulait pas imposer nos idées, on voulait juste montrer aux gens que la vie
n’était pas forcément telle qu’ils la voyaient. On voulait aussi qu’ils
comprennent qu’un punk qui joue du rock ce n’est pas qu’un déjanté qui se
bourre la gueule à la bière et qui sniffe de la colle à rustine, mais que c’est
aussi quelqu’un qui pense, qui a des idées, qui crée et qui sait avoir l’esprit
ouvert. (Alexa)
On
revendique, on dénonce, on participe aux manifs, on se fait gazer par les CRS,
(on leur envoie 1 ou 2 parpaings quand même), mais nous sommes des gentilles
personnes, cool et bien élevées ! (Alexa)
Par
la musique on touche des gens, toujours les mêmes. En écrivant, en dessinant,
on espère en toucher d'autres.
Peu
de gens nous avaient vus en concert, mais tout le monde avait l’impression
qu’on avait créé les Brigades Rouges à Lyon… (Laurent)
Plusieurs
groupes étaient réunis pour jouer toute la nuit dans une usine squattée. On
pouvait craindre une intervention de la police, c'est les skins qui ont foutu
la merde.
Pour
nous, ce n'était pas du tout envisageable de rentrer dans un système
dogmatique, quel qu'il soit. Dès qu'on commence à me dire : il faut faire ci ou
il faut faire ça, la première chose dont j'ai envie, c'est de faire le
contraire. (Gilles)
Pour
nous le rock est un acte terroriste (de terroriser l’ordre établi, les
conventions etc.). (Laurent)
Que les Jeunes (Pas) Cons sans Frontière grandissent et changent le monde
en faisant oublier purement et simplement un des plus vilains mots de la langue
française : égoïsme. (Alexa)
Rock terroriste c'était un peu l’hymne, le morceau le plus sauvage
qu'on faisait sur scène. Facile à jouer, facile à brailler ! (Gilles)
Signer
avec un Major ? Cette place on ne la voulait pas. Si on nous l’avait
offerte, personnellement je n’aurais pas suivi. (Alexa)
Tu
peux bomber "A bas l'armée", c'est inutile si les gens ne comprennent
pas pourquoi ils n'ont pas besoin d'armée.
Un
jour tu te dis "Merde et pourquoi on ne pourrait pas faire un disque nous-mêmes
?" Tu te poses tous les problèmes de tunes, etc., et tu te dis que c'est
facile. Et ça, il faut que ce soit clair, tout ce qu'on a fait, que ce soit le
disque, le label, le zine, le magasin, n'importe qui peut le faire. On n'est
pas des dieux. Le tout c'est d'avoir l'idée et la volonté.
—
Vos positions par rapport au fascisme, racisme, impérialisme ? —
Anti. Qu'ils soient de droite ou de gauche. Ces mots ne se rapportent qu'à une
réaction violente.
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