C'est
à trop voir les êtres sous leur vraie lumière qu'un jour ou l'autre nous prend
l'envie de les larguer. La lucidité est un exil construit, une porte de
secours, le vestiaire de l'intelligence. C'en est aussi une maladie qui nous
mène à la solitude. (Testament phonographe, 1980)
Ce
n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait
la tendresse.
Divine Anarchie, adorable Anarchie, tu n'es pas un système,
un parti, une référence, mais un état d'âme. Tu es la seule invention de
l'homme, et sa solitude, et ce qui lui reste de liberté. Tu es l'avoine du
poète (Léo Ferré, extrait de la préface
du recueil Poètes vos papiers !, 1956).
Écoute
l'horizon dans les bras d'une femme Écoute
la seconde éternelle qui tue Écoute
la lueur qui regarde ton âme Écoute
l'analyse et prends-toi par la rue. (Métamec, 2000)
Il
faut faire l'amour comme on va à l'étude Et
puis descendre dans la rue Il
faut faire l'amour comme on commet un crime. (La violence et l'ennui, 1980)
Il y a des gens qui reçoivent d'abord la musique, d'autres les
paroles. Les plus intelligents écoutent en priorité les paroles, les plus
sensibles, la musique.
Ils
ont voté ils voteront comme on prend un barbiturique Et
ils ont mis la République au fond d'un vase à reposer Les
experts ont analysé ce qu'il y avait au fond du vase Il
n'y avait rien qu'un peu de vase. (Words... Words... Words, 1980)
La
mélancolie C'est un chat perdu Qu'on croit retrouvé. (La mélancolie)
La
mélancolie, c'est un désespoir qui n'a pas les moyens.
La poésie est une clameur. Elle doit être entendue comme la
musique. Toute poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie
n'est pas finie. Elle ne prend son sexe qu'avec la corde vocale tout comme le
violon prend le sien avec l'archet qui le touche (Préface, 1973).
La vie est un grand livre écrit par un maladroit. Mais nous on s'en fout, on ne sait pas lire !
La violence
est ce qui ne parle pas.
L'espoir a planté sur mon crâne
incliné, son drapeau noir.
Le
bonheur, c'est du chagrin qui se repose.
Le Concerto de Bela Bartok vaut celui de Beethoven. Qu'importe si « l’alexandrin » de Bartok a les pieds mal chaussés, puisqu'il nous traîne dans les étoiles ! La Lumière d'où qu'elle vienne EST la Lumière (Léo Ferré, extrait de la préface du recueil Poètes vos papiers !, 1956).
Le
désespoir c'est un espoir perdu qui se cherche un préfixe.
Le disque est malgré tout de la matière morte et définitive !
(Longueur d’Ondes, 1984).
Le
drapeau noir, c'est encore un drapeau. (Et basta ! 1973)
Le
goût est le sourire de l'âme ; il y a des âmes qui ont un vilain rictus, c'est
ce qui fait le mauvais goût. (Poète, vos papiers !)
Le
monde se divise entre ceux qui aiment et les autres.
Le
snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n'employer que certains mots
déterminés, à la priver de certains autres, qu'ils soient techniques, médicaux,
populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts et du
baisemain. Ce
n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait
la tendresse. Ce n'est pas le mot qui fait la poésie, c'est la poésie qui
illustre le mot. (Préface,
1973)
Les
écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte de
pieds, ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes. (Préface, 1973)
Les
marins c'est marrant même à terre c'est dans l'eau. (Les étrangers)
Les premières images de l'enfance font le cinéma de la vie.
L'histoire
de l'humanité est une statistique de la contrainte. (Testament phonographique)
L'indifférence
est notre béquille, à nous les misanthropes. (Testament phonographique)
L'intelligence
des femmes c'est dans les ovaires, elles ont tout pris vous comprenez ?
Poète… ?
Vos Papiers ! (1970)
Pour
tout bagage on a vingt ans On a l'expérience des parents On se fout du tiers
comme du quart On prend le bonheur toujours en retard. (Vingt ans)
Toute
poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie n'est pas
finie. Elle ne prend son sexe qu'avec la corde vocale tout comme le violon
prend le sien avec l'archet qui le touche. (Préface, 1973)
Grace
à toi, Léo, je n'ai jamais été seul, même au plus noir de mes détresses. Ta
voix, tes poèmes, ta musique étaient là pour marcher près de moi dans le parc
de ma solitude ; dans ce vieux parc solitaire et glacé... Ça existe, ça, tu
sais, et c'est fantastique. C'est bien plus fort que l'amour, ça ne finit
jamais ... (Francis Lalanne)
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