Algy
était du genre paillard, il picolait beaucoup. Il utilisait un médiator en
métal pour obtenir ce son de basse déglingué. A première vue, il était brusque.
Cette façade se fissurait après quelques verres et il était très doux dans le
fond. Mais il avait toujours un marteau dans sa poche, au cas où. Son cri de
guerre, c’était : « Où est mon marteau ? » (Captain
Sensible)
Captain
a gonflé une capote, dessiné un visage dessus, ajouté un truc du style
« Les Clash craignent » et l’a fait flotter jusqu’au plafond de leur
studio. Ce n’était pas méchant, mais Mick Jones a refusé de bosser tant qu’on
ne l’avait pas enlevée. (Dave Vanian)
Ces
deux-là ne pouvaient pas s’entendre, pas tant que Captain traînait dans la
communauté du groupe Crass et lisait le Socialist Worker alors que Brian
voulait devenir une rock star en limousine. (Rat Scabies)
Dans
ma vie, en dehors de la musique, j’ai nettoyé les chiottes. Si c’est possible,
je préfèrerais continuer à faire de la
musique. (Captain Sensible, 1989)
Il
avait (Captain Sensible) des
rayonnages entiers de cassettes dans sa chambre. Des années de chansons qu’il
avait écrites, des trucs bizarres qu’il faisait tout seul. C’était très
excentrique, mais il y avait des choses brillantes. (Dave Vanian)
Il
y avait des frictions avec Rat, mais je n’y pouvais rien. J’étais le mec qui
nettoyait les toilettes et soudain, on me propose de me faire du fric. J’ai
sauté sur l’occasion, même si ça signifiait faire des grosses merdes comme Happy Talk. Et quand je suis allé jouer
à Glasgow, les affiches disaient : « Captain Sensible & The
Damned ». Ce qui n’est pas très bien passé. (Captain Sensible)
J’ai
commencé à me produire avec mon propre groupe. J’avais une limousine à ma
disposition, des jolies filles. Et à la fin des années 1980, j’étais fauché. Je
me suis fait rouler. Je n’ai jamais rien fait de vraiment dangereux : je
ne me suis pas piqué, mais j’ai essayé tout ce qui traînait. Les gens te filent
des petits sachets de poudre pour que tu les distraies. Tout ça n’est pas bon
pour la santé, donc j’ai dû me faire soigner. Mais je me suis bien éclaté.
(Captain Sensible)
J’ai
un magnéto Ferguson à bandes et je collais le micro aux enceintes de la télé
pour enregistrer les pubs. Il y avait des jingles très accrocheurs, écrits par
les meilleurs compositeurs de la profession. Donc, j’enregistrais les
publicités, je passais les bandes à l’envers et les mélodies qui en sortaient
ont fourni ma contribution à l’album. Je triplais leur vitesse et je les jouais
très fort à la guitare. (Captain Sensible)
Je
savais qu’on pouvait y arriver. On avait rongé notre frein. C’est la force des
Damned : malgré la folie, le chaos, les erreurs stupides, le groupe a survécu parce que quelques types capables d’écrire des morceaux qui déchirent se sont
unis. (Captain Sensible)
La
chambre de Sensible était décorée comme une salle d’attente de gare. C’était un
bordel absolu. Avant la démolition de la gare de Selhurst, il s’y est introduit
et a volé tous les panneaux. Il adorait les gares. (Dave Vanian)
Les
Sex Pistols provoquent l’académisme, la médiocrité et le fascisme des
institutions. Vous savez le jour où Johnny Rotten et les siens ont participé à
une interview télévisée qui fit scandale, beaucoup de jeunes anglais ont réagi,
certains ont jeté leur récepteur de télévision par la fenêtre, d’autres se sont
engagés dans la police. (Captain Sensible, 1977)
Malheureusement,
le punk a évolué vers quelque chose d’uniforme où tout le monde ressemble à
Expoited et ça ne nous a pas fait envie. On voulait suivre notre propre
orientation. On a toujours pensé que le punk était un moyen d’expérimenter et
qu’il n’y avait pas de règles. (Captain Sensible)
Notre
pire soir a probablement été au Havre. Je savais que les flics allaient débarquer
à l’hôtel sans tarder parce qu’il pleuvait des cocktails Molotov dans la rue.
Rat était dans la chambre au-dessus de la mienne et j’ai entendu un fracas. Des
rideaux en feu sont passés devant ma fenêtre. Puis j’ai entendu des chiens dans
les couloirs. On est allés chez les flics le lendemain, on n’a pas pu voir Rat,
mais il gueulait « vendez la batterie, faites quelque chose ! »
(Captain Sensible)
Nous
sommes des survivants. Tous les quatre, nous avons été entraînés dans
l'autodestruction dès nos deux premières années. J'ai vu des choses qui font
paraître dérisoire tout ce qu'on a pu raconter sur Keith Moon !
On
finissait toujours sur le canapé de Lemmy à regarder ses vidéos de la Seconde Guerre
mondiale. Il nous donnait des coups de coude pour nous réveiller, parce qu’il
ne dormait pas beaucoup. Pour me venger, je lui ai fait jouer SOS d’Abba sur scène. Ça m’a permis de
gagner 10 livres ! (Captain Sensible)
On
n’avait pas de label, mais les gens faisaient la queue pour assister à nos
concerts. A Londres, 100 personnes ont escaladé trois étages d’échafaudage pour
entrer par les toits et la presse n’en a pas parlé. Au NME, ils avaient reçu l’ordre de ne jamais chroniquer les Damned.
Jamais. (Dave Vanian)
On
tournait en Amérique et Captain a dragué une vieille pouffiasse qui le
conduisait en limousine. Ils louaient la suite nuptiale et buvaient du
champagne. Captain se prend des tonnes de coke par jour et le reste du groupe
est dans un Holiday Inn merdique à se partager un malheureux hamburger.
Personne ne voulait signer les Damned parce que Captain se mettait plus en
avant que Dave. C’est pour ça qu’on a viré Captain. (Rat Scabies)
Quand
je me sens déprimé, je parle à mon lapin. (Captain Sensible)
Rat
était une langue de pute et Algy n’appréciait pas. Ils se battaient à coups de
bouteilles. Ça partait de rien : « Je suis plus bourré que
toi ! », « non, tu ne l’es pas ! », « où est mon
marteau ? » (Captain Sensible)
Tourner
aujourd’hui est devenu une expérience bien plus agréable. On se lève le matin,
on jette un œil au système de transport local. Le manager n’a plus besoin de
donner des coups de pied dans la porte de ma chambre en début d’après-midi,
mais il faut attendre que je revienne de mon petit tour à observer les trains. (Captain
Sensible)
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