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Peut-on vivre
éternellement avec des œillères ? Lorsque j'ai réalisé que je me
connaissais suffisamment moi-même, j'ai regardé autour de moi. J'ai été
effrayée, catastrophée, déçue, angoissée de regarder les autres vivre (1977).
Je suis communiste, et fière de l'être (1977).
La mort m'a toujours séduite : la vie telle qu'on nous
oblige à la vivre est tellement dure. La souffrance est inutile et lorsqu'elle
devient trop forte, il n'y a aucune raison de continuer à la supporter. Je ne
suis ni martyre, ni masochiste alors pourquoi endurer toutes les tortures physiques
et mentales qui émaillent notre vie ? (1977).
Pourquoi crois-tu qu'on emploie le terme de « show-business
» ? Aujourd'hui la chanson est une machine à faire de l'argent. Le star-system,
c'est effroyable (1977).
Nous sommes une génération qui a avancé des idées
importantes, et personne ne nous aide à les mettre en pratique. Je suis
pessimiste... avec l'espoir quand même ! Je suis en perpétuelle contradiction
avec moi-même. Le premier point capital est une meilleure répartition des
richesses à l'échelle mondiale. Mais sur le plan nucléaire et armement, il est
déjà trop tard. Le seul truc qu'on puisse faire, c'est lutter pour qu'il n’y en
ait pas plus. Mais la Terre est minée ! Quant à l'environnement, c’est les travailleurs qui bouffent un
beefteack tous les quinze jours, c'est les vieux qui crèvent sans pouvoir
s'acheter un fruit quand on les jette à la tonne, c'est Ie père de famille qui
se retrouve au chômage et qui en perd sa dignité, c'est à eux qu'il faut
penser. C'est pour ça que j’ai l'air d'une « écorchée vive » : la souffrance
des petites gens, ça me déchire. Tous les matins, je passe deux heures à lire
la presse. Déjà ma journée est foutue. C'est trop dur. Trop dur ! (1977).
J'avais un côté mystique. Je me pose encore des questions
que je me refuse à élucider. Quand je chante dans une église, je me sers des
éléments qui m'entourent, je m'appuie contre des piliers, je pose ma tête, mes
mains sur la pierre... C'est très bizarre, ce qui se passe alors. Mais je me
refuse à l'expliciter aujourd'hui. Dans quelques années, peut-être. Avant, il y
a des réalités premières tellement plus urgentes ! (1977).
Je ne veux pas me transformer en cover-girl… la chansonnette
de tous les jours ne m'intéresse plus. J'ai gâché beaucoup trop de temps.
Les paroles ne sont qu'un accessoire, je préfèrerais qu'on
en arrive presque à des onomatopées pour remplacer les paroles. On le fera
peut-être; Il faudrait que la voix serve d'instrument... Ce que je cherche à
faire, c'est détruire complètement la chanson classique, avec refrain et
couplets régulier.
Patrice (Moullet) est
jusqu'à présent le seul à composer des musiques permettant à chacun de mes
mots, chacune de mes intonations de s'exprimer pleinement, exactement, de même
que mes mots et intentions vocales expriment pleinement les intentions de ses
notes.
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A PROPOS DE CATHERINE RIBEIRO |
Sa carrière étonnante, […] c'est d'abord celle d'une voix
énorme : voix d'espoir et de désespoir, voix de naissance et d'agonie, voix de
haine et d'amour, voix du cœur et du sexe, voix du râle et du cri, voix magique
par delà les mots qu'elle profère, voix des entrailles qui va droit aux
entrailles de ceux qui l'écoutent… (Etienne Blondet).
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