A
pas vouloir vieillir on meurt avant les autres. (P'tite conne)
Autodestructeur
parfois. Jamais suicidaire.
Avec
l’âge, on se désintéresse de la politique, de la vie du monde. J’ai plus de
chansons personnelles qu’universelles. Je parle des petites gens.
C'était
ma première chanson Crève Salope. Une chanson qui a fait le tour des lycées,
qui est devenu un hymne en 68. Je l'ai chantée à la Sorbonne et au lycée
Montaigne occupé. Au premier couplet, je remets en cause l'autorité du père,
ensuite du prof, du flic et du curé. Je l'ai chantée partout et tous les types
qu'avaient une guitare disaient : " Ouah, super ! " Le refrain était
très populaire, très entraînant, très à chanter en chœur. Le premier mec avec
une guitare me disait : " Ouah, écris-moi les paroles, je vais les chanter
". Et il rentrait dans son comité d'action, dans son lycée à lui. Et puis,
ça a fait le tour de Paris. Il y a au moins cinq cents personnes qui l'ont
écoutée, cette chanson.
Coluche
me manque. L’ami, le frère, mais aussi le personnage social et politique. On
aurait bien besoin de son grain de sel dans le débat.
Depuis
huit jours j’étais en cure de désintox, j’avais arrêté de boire, et j’en
souffrais énormément, parce que c’est une drogue dure et que j’étais accro. Un
copain homosexuel m’a dit : « Fais une chanson sur les pédés, sur
moi, sur notre différence, sur nos petites misères quotidiennes, et si tu le
fais, je t’offre une cuite, une mouflée… » J’ai pris ça comme un défi,
ridicule, ce n’était pas très malin de sa part, mais bon, j’ai écrit la
chanson… et j’ai replongé.
Depuis
que je vois les gens mourir autour de moi, mes amis, Coluche, Desproges,
Reiser, Balavoine, j’ai envie d’être vieux. Je suis ravi qu’on me dise que je
fais plus que mon âge ! Je regarde avec admiration les vieillards dans la
rue, juste pour m’imaginer comme eux et pouvoir me dire que j’ai échappé à
tout, à tous les dangers de cette vie. La vieillesse, pour moi, c’est être
arrivé au bout d’une course sans tomber, même si on arrive dernier.
Elle
elle dit en tout cas Qu'elle
aime pas les humains Pourtant
elle a mis l'bon dieu Juste
au-dessus d'son paddock Elle
y croit si tu veux Mais
c'est pas réciproque. (Banlieue rouge)
En chanson, je n’ai pas de pudeur. Il ne faut pas en avoir.
Il faut livrer son âme comme une prostituée livre son cul (Télérama, 16 mars
2016).
En prison, à l'armée, au bistrot
et chez les voyous, l'amitié est plus solide, presque à la limite de
l'amour (1977).
Énervé
par un bon dieu Que
j'trouvais bien trop dangereux J'ai
balancé ma vieille bible Par
la fenêtre Comme
j'suis un garçon normal Je
m'suis dit : Un cardinal Avec
un peu d'bol s'la mange En
pleine tête. (L'aquarium)
Et dire que
comme tous les crétins de chanteurs qui réussissent, j'ai longuement roulé en
Harley (Télérama, 16 mars
2016).
Et
si moi je suis barge Ce n'est que de tes yeux, Car ils ont l'avantage d'être
deux. (Mistral Gagnant)
Être
chanteur, c'est épuisant. Créer dans la solitude et tenir deux heures et demi
sur scène, c'est une épreuve. Le fric on ne le vole pas. Quand je vois ces
chanteuses fabriquées par la télé, je suis écoeuré.
Il
fait pas bon être pédé quand on est entouré d’enculés.
Il
m’arrive très souvent de me poser des questions. Du genre : « est-ce
que je ne suis pas en train de les fourvoyer ? Est-ce que mes idées sont
bonnes ? Est-ce que je ne suis pas un manipulateur d’âmes, d’émotions,
avec tous mes trucs de scène, un peu fabriqués, un peu faux ? » Il
m’arrive de me demander si je ne suis pas en train de prendre goût à l’ivresse
du pouvoir…
J'adore la violence contre la
société, mais pas contre les individus. Les manifs, les vitrines
cassées, super ! Mais des mecs qui se flinguent pour un accrochage de bagnoles,
c'est lamentable. La révolte des minorités opprimées, la politique du désespoir :
fabuleux ! (1977).
J’ai
moins de passions qu’avant, car je suis moins heureux. Quand j’étais heureux,
les malheurs du monde me bouleversaient. Je m’interroge moins sur la misère des
autres.
J’ai
toujours défendu, dans mes chansons, les causes ou les vérités qui me tiennent
à cœur, quitte à me tromper.
J’ai
toujours eu une admiration totalement irrationnelle pour François Mitterrand.
Pour l’individu, pas pour sa politique. Et je ne me suis jamais caché pour le
lui faire savoir. (...) C’est le seul socialiste que j’aime.
J’ai
une base de fidèles assez nombreux, assez attachés. D’une manière générale, ils
sont sensibles à ce que j’écris, et je sais par divers témoignages que mes
chansons les plus tristes sont celles qu’ils préfèrent : elles leur
remontent le moral quand eux-mêmes sont tristes. Ils se sentent moins seuls,
ils ont le sentiment que le chanteur qu’ils aiment peut être aussi fragile,
perturbé et angoissé qu’eux, et ça les soutient.
J’ai vécu quelques années
difficiles où je buvais beaucoup, où je parlais peu, voire plus du tout, où je
me contentais de grogner et je rendais les gens malheureux autour de moi. Aujourd’hui,
je les rends heureux.
J’ai
vu six psys. J’ai voulu les changer, pour retourner le problème. Ils n’ont pas
voulu ! Je trouve plus de réconfort auprès d’amis, comme mes musiciens,
qu’auprès des psys, et ils ne me prennent pas 120 euros la demi-heure.
J'aimerais bien vivre d'amour et
d'eau fraîche, mais je ne trouve pas d'eau fraîche ! (1977).
J'en ai rien à foutre de ce que
la presse a dit de Bob Dylan. Je prends mon pied, ça me suffit (1977).
J’espère
faire pleurer les filles, mais aussi les garçons, enfin, au moins les émouvoir.
Qu’est-ce qui est plus partagé, plus commun qu’un chagrin d’amour ? Tout
le monde est passé ou passera par là.
Je
n’ai jamais été particulièrement destroy ! Sauf à une période de ma vie,
parce que le bistrot, c’était ma famille. Mais je suis un garçon très sage. Je
ne suis rebelle que dans mes chansons. Et quand il faut se battre contre
l’injustice.
Je n'écoute pas ses chansons, j'ai un peu peur du vide (à propos de Jean-Louis Murat).
Je
ne crois pas au bonheur. La vie m’a appris à m’attendre toujours au pire, qu’il
est toujours à venir, surtout lorsque tu as connu le meilleur.
Je
ne me renie pas sur Mitterrand. Malgré l’inventaire, malgré la trahison de ses
amis et le fiel de ses ennemis, il reste un grand mec politique que j’ai
rencontré et que j’aime. Il avait l’intelligence, l’humour et même le
machiavélisme. C’était le plus fort.
Je
sais que je vais essuyer des reproches du genre : « Tu n’as plus de
mots rebelles, tu as baissé les bras… » La petite frange anarchiste
juvénile de mon public va me reprocher le manque évident de « chansons
engagées », entre guillemets. Mais ce n’est pas une obligation non plus.
Je n’ai pas choisi délibérément de n’écrire que des chansons d’amour et de
renoncer à celles qui contestent, dénoncent, expriment des indignations ou des
révoltes.
Je
souhaite à tout le monde de connaître l’ivresse d’être sur scène, de chanter,
de dire ses idées, d’exprimer ses sentiments et d’avoir devant soi six mille
mômes en délire qui applaudissent, qui crient votre nom, qui allument des
briquets, qui pleurent et qui rient. C’est extraordinaire ! Ce n’est pas
un sentiment de puissance, mais, d’être complice avec tellement de monde, on se
sent plus fort, on se sent moins seul, on a plein d’espoir dans la vie, dans
l’avenir.
Je
suis content qu'on me dise que je suis un mec bien, parce que c'est vrai.
Je suis en pleine forme, je
marche droit, je ne titube plus dans la rue. Je ne bois plus, je marche et je
suis un nouvel homme… Un phénix qui renaît de ses cendres.
Je
suis plus expressionniste et impudique, il n’y a pas la retenue et la pudeur de
Brassens. Je me livre plus à la Brel.
Je
suis un révolté de naissance et les raisons de l’être ne manquent pas vraiment.
Mais je m’expose moins qu’à une certaine époque, c’est vrai. J’ai reçu pas mal
de coups dans la gueule, suite à mes engagements. J’en ai donné, aussi. A
droite, pas mal, mais même à gauche. Néanmoins, ça ne m’empêche pas de
continuer à mener des combats pour quelques causes qui me tiennent à cœur.
Je
suis vivant. Ça me donne la banane. Je voudrais vivre jusqu’à cent ans.
Pourtant, quand je suis seul, pendant des heures, je gamberge. Je me dis que le
pire serait de vieillir et de mourir tout seul.
L’amitié
est plus durable que l’amour, sans doute. La différence, c’est le lit qu’on ne
partage pas. Quoique, des fois, je dormirais bien dans le même lit qu’un
copain, pour la présence physique. Si t’écris ça, on va dire que je suis devenu
pédé !
L’argent
ça ne se mange pas. Et j’en ai plus que je n’ai jamais rêvé en avoir dans mon
adolescence. Je n’irais pas jusqu’à dire que je ne sais pas quoi en foutre,
parce que c’est dur à faire avaler à ceux qui n’ont rien, mais bon, pour moi,
ça va.
L'argent
ne fait pas le bonheur, mais ça aide bien pour faire les commissions.
La
bagnole, la télé, le tiercé C'est
l'opium du peuple de France Lui
supprimer, c'est le tuer C'est
une drogue à accoutumance. (Hexagone)
La
liste est bien trop longue de tout ce qui m’écœure Depuis
l’horreur banale du moindre fait divers Il
n’y a plus assez de place dans mon cœur Pour
loger la révolte, le dégoût, la colère.
La
médecine est une putain et son maquereau c'est le pharmacien. (Etudiant - poil aux dents)
La
mer c'est dégueulasse, les poissons baisent dedans. (Dès que le vent soufflera)
La réussite c’est de pouvoir
chanter ce que je veux, quand je veux, où je veux (1977).
La
souffrance, c'est très rassurant, ça n'arrive qu'aux vivants.
(Cent ans)
« Laisse béton », ce n'est pas
moi qui en ai fait un tube, ce sont les radios, les télés. Mais ça m'a permis
de me faire un nom, de pouvoir me payer des musiciens (1977).
Le Rock’n’Roll c'est pas une
révolte sociale, c'est un défouloir qui permet justement de mieux accepter
l'usine le lendemain (1977).
Le show-biz il faut s’en
servir ! Tu ne peux pas y échapper si tu veux être connu. Mais j'ai jamais
bossé pour être célèbre. J'm’en fous. Le jour où ça ne marchera plus, je
laisserai tomber. J'irai pas me forcer à chercher des tubes ! (1977).
Le
succès m’a plus perturbé que je ne l’imaginais. Cette pression des gens qui
m’aiment ou de ceux qui me détestent. Mon proverbe préféré est :
« Pour vivre heureux, visons caché. » Pas facile pour un homme
public.
Le
temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants. (Mistral Gagnant)
Les
arbres ont le cœur infiniment plus tendre Que celui des hommes qui les ont
plantés. (Fatigué)
Les révolutions ça commence
toujours bien, ça se termine toujours mal. 1789, ça devait abolir les
privilèges et les inégalités. Raté ! Mai '68, j'ai cessé d'y croire quand j'ai
remarqué qu'il n'y avait pas de manif le dimanche ! La révolution chinoise :
maintenant , ils ont tous à bouffer, mais qu'est-ce qu'ils s'emmerdent. La
Révolution d'Octobre : la Russie est libre ? Cuba, pour terminer, la meilleure
: si tu veux pas travailler, on te fout en taule. Alors, révolution, mon cul.
Tu la fais tout seul, dans ta tête. La masse a toujours tort, l'individu a
toujours raison (1977).
Moi
je me changerai en chien Si je peux rester sur la Terre Et comme réverbère
quotidien Je m’offrirai Madame Thatcher.
Moi je vote ! Je tiens à choisir
mon maître. Je crois pas que ça changera quelque chose à ma vie, mais ça
changera celle de millions de travailleurs (1977).
Pendant
4-5 ans, j’ai traversé une période difficile de dépression, que j’ai voulu
soigner par des médicaments pas vraiment appropriés, en l’occurrence des
conneries d’antidépresseurs et d’anxiolytiques de toutes sortes, plus un litre
de pastis par jour, l’un et l’autre ne faisant pas très bon ménage…
Personnellement, je ne refuse pas
d'émission, même les mauvaises ! En effet, il est très difficile de trouver tel
ou tel critère pour accepter ou refuser. Alors je pars d'un principe :
j'accepte de chanter pour tout le monde, même pour les cons, les fachos, etc.
Si on ne chante pas pour eux, ils resteront aussi cons et fachos. Si je
m'écoutais, je chanterais pour les anars, les taulards, les gangsters et les
putes. Ça fait peu de monde (1977).
Pourquoi
m’emmerder à aller faire des télés minables ? Quand à la presse et à la
radio, si je leur refuse globalement les interviews, c’est que j’ai le
sentiment, à tort ou à raison, que je n’ai rien d’intéressant à raconter sur ma
vie, sur ma carrière, ni sur le monde. Et puis, pour vivre heureux, vivons
cachés.
Quand
j’ai bu, j’ai peur de rien. Je n’ai pas peur de la mort.
Il y a deux sujets sur lesquels les gens ne peuvent pas tomber
d'accord, c'est quand on parle de Palestine ou de corrida (après avoir
été hué par le public nîmois pour son nouveau tatouage anti corrida, juillet
2017).
Toi
qui ose nous accuser de manque de générosité, sers-toi plutôt de la tienne pour
te réjouir de la réussite de cette démarche humanitaire, malgré ton absence.
(à Gérard Lenorman, à propos du
projet Chanteurs sans Frontières)
Tuez
vos dieux à tout jamais Sous
aucune croix l'amour ne se plaît Ce
sont les hommes pas les curés Qui
font pousser les orangers. (La ballade Nord-Irlandaise)
Une
foule, ça me fait toujours peur. On a l’impression, parce qu’on est un peu plus
haut et qu’on a un micro, qu’on est le plus fort. Moi, je crois qu’il ne faut
pas avoir peur de montrer ses doutes, sa fragilité. La force, je n’aime pas.
Une
gonzesse de perdue C'est dix copains qui reviennent. (Manu)
Vivre
libre C'est souvent vivre seul. (Manu)
Voleurs d'images, violeurs d'intimité, violeurs de vie, votre
sale « métier » me débecte au plus haut point. Votre comportement ces
jours derniers prouve s'il en était besoin que vous n'êtes visiblement que ce
que vous étiez hier, essentiellement de la MERDE ! (sur les paparazzis,
Facebook, février 2016).
Vouloir
trop plaire c'est le plaisir des moches. (La Pêche à la ligne)
Y’a
pas de recettes ! Sinon je ferai plus de 12 chansons tous les deux ans…
C’est un mot, qui amène une idée, qui amène le refrain, et ainsi de suite. Moi,
j’aime bien raconter une petite histoire. C’est mon côté chanson traditionnelle
française. Faut dire que, sur ce terrain, j’ai été élevé, bercé par des
balèzes, Brassens, Bony Lapointe… Ou alors, c’est une musique qu’on me propose,
qui me plaît tellement que je trouve les paroles qui vont avec.
C’est la crise, les salles prennent moins de risque et
préfèrent programmer des gros cons comme Renaud ou Polnareff (Jean-Louis Murat, 2016).
Quand il ne chante pas il cause. Et quand il ne cause
pas, il écrit (Thierry Séchan).
Renaud
fait le boulot de Verlaine avec des mots de bistrot. (Frédéric Dard)
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